Manifestations, chasse aux officiers de l'ancien régime: 10 morts en Syrie
Des enfants posent pour une photo sur un char à Damas le 25 décembre 2024. ©ANWAR AMRO / AFP

Des milliers de Syriens de la minorité alaouite dont est issu le président déchu Bachar al-Assad ont manifesté mercredi dans plusieurs villes de Syrie après une vidéo montrant une attaque contre un de leurs sanctuaires.

Il s'agit des premières manifestations d'alaouites depuis le renversement de M. Assad par une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), entrée à Damas le 8 décembre après s'être emparée en 11 jours d'une grande partie du pays.

Lâché par ses alliés iranien et russe, Bachar al-Assad, qui a dirigé d'une main de fer la Syrie pendant 24 ans, a fui à Moscou, marquant la fin de plus de 50 ans de règne sans partage du clan Assad.

Selon des témoins et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des milliers de Syriens alaouites sont descendus dans la rue dans les villes côtières de Tartous, Jableh, et Lattaquié dans l'ouest du pays, où est très implantée la communauté alaouite.

L'OSDH a confirmé des rassemblements similaires à Banias et à Homs, la grande ville du centre où la police a décrété un couvre-feu nocturne de 18H00 (15H00 GMT) à 08H00 (05H00 GMT) selon l'agence officielle Sana.

Rami Abdel Rahman, directeur de l’OSDH a déclaré à l'AFP qu'« un manifestant a été tué et cinq autres blessés après que les forces de sécurité de la ville de Homs ont ouvert le feu pour disperser les manifestants qui protestaient contre l'attaque du sanctuaire »

Les autorités locales de Jableh ont également annoncé un couvre-feu nocturne.

- Vidéo "ancienne" -

La colère des alaouites a éclaté après une vidéo circulant mercredi sur les réseaux sociaux montrant "une attaque de combattants" contre un sanctuaire alaouite dans le quartier de Maysaloon, dans la métropole septentrionale d'Alep, deuxième ville de Syrie.

 

À Damas, le ministère de l'Intérieur a assuré que la vidéo était "ancienne" et datait de la prise d'Alep par les rebelles le 1er décembre.

"Le but de faire circuler à nouveau de telles images est de semer la discorde parmi le peuple syrien (...)", a-t-il ajouté en accusant des "groupes inconnus" de l'attaque.

Les nouvelles autorités ont multiplié les gestes d'assurance envers toutes les minorités d'un pays traumatisé par la guerre.

À Jablé, les manifestants ont scandé "Alaouites, Sunnites, nous voulons la paix", a indiqué un manifestant, Ali Daoud, à l'AFP.

À Lattaquié, les manifestants ont dénoncé "les violations contre la communauté alaouite", selon Ghidak Mayya, manifestant de 30 ans. "Pour le moment nous écoutons les appels au calme (...) Mais la situation peut exploser."

- 9 morts –

Enfin, Par ailleurs, l’OSDH a fait état de neuf morts mercredi dans des accrochages entre des hommes armés et des forces de sécurité qui tentaient d'arrêter un officier du pouvoir déchu. Six membres des services de sécurité ont été tués ainsi que "trois hommes armés", après que les forces de sécurité ont tenté d'arrêter un responsable du pouvoir de l'ex-président Bachar al-Assad, à Tartous (ouest), a indiqué l’ONG britannique.

L'Observatoire a indiqué que l'homme recherché était « un officier des forces de l'ancien régime qui occupait le poste de directeur du département de la justice militaire et de chef du tribunal de campagne », sans l'identifier par son nom.

Il a déclaré qu'il avait « prononcé des condamnations à mort et des jugements arbitraires à l'encontre de milliers de prisonniers ».

Les affrontements ont éclaté après qu'« un certain nombre d'habitants ont refusé que leurs maisons soient fouillées », a déclaré l'Observatoire, basé en Grande-Bretagne, qui s'appuie sur un réseau de sources à l'intérieur de la Syrie.

Le frère de l'officier et des hommes armés ont intercepté les forces de sécurité et « ont pris pour cible l'un des véhicules de patrouille », a déclaré l'Observatoire, ce qui a entraîné la mort de ces personnes.

 

Avec AFP

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