L'héritage de Carter en Iran: un rôle \
Un homme passe devant un graffiti représentant la Statue de la Liberté avec le bras de la torche cassé, dessiné sur les murs de l'ancien siège de l'ambassade américaine à Téhéran ©ATTA KENARE / AFP

D'amitié à hostilité: l'Iran a joué un rôle central dans la présidence de Jimmy Carter, mais à Téhéran, nombreux sont ceux qui ne gardent pas un souvenir impérissable du défunt président américain, vu comme l'"architecte des sanctions".

Les États-Unis et l'Iran, autrefois de proches alliés, ont rompu leur relations diplomatiques en 1980 sous Jimmy Carter, peu après la Révolution islamique qui a renversé la dynastie Pahlavi soutenue par Washington.

Jimmy Carter, mort dimanche à 100 ans, est le dernier président américain à s'être rendu en Iran. Il avait alors vanté à Téhéran lors d'une visite en décembre 1977 un "îlot de stabilité dans l'une des régions les plus agitées du monde". 

Près de deux ans plus tard, des étudiants iraniens ont pris d'assaut l'ambassade américaine à Téhéran et retenu en otages une cinquantaine de diplomates et employés.

La crise s'est éternisée pendant 444 jours avec une opération militaire pour libérer les otages, qui a tourné au fiasco.

La "crise des otages" est considérée comme un acte fondateur de la République islamique par ses soutiens.

"Cet événement a eu un grand impact sur les relations entre l'Iran et l'Amérique", estime Alireza, un habitant de 60 ans devant l'ancienne ambassade américaine, désormais transformée en "musée du nid de l'espionnage américain".

Ordinateurs, télé-transcripteurs, émetteurs satellite et broyeurs de documents confidentiels sont exhibés comme autant de preuves aux yeux de certains Iraniens que Téhéran était alors "le principal centre de la CIA au Moyen-Orient".

"Pourrir en enfer"

"Au lieu de soutenir notre révolution naissante, (Carter) a ouvert un centre d'espionnage dans notre pays", affirme Hassan Taherifar, un commerçant de 56 ans.

Dans une interview accordée en 2014 à la chaîne américaine CNBC, Jimmy Carter était revenu sur la crise des otages.

"J'aurais pu rayer l'Iran de la carte avec les armes dont nous disposions", avait relevé le prix Nobel de la paix. Mais "beaucoup d'innocents auraient été tués, y compris probablement les otages", avait-il souligné.

Devant l'ex-représentation diplomatique des États-Unis à Téhéran, de nombreux Iraniens font part de leur joie après la mort de Jimmy Carter.

"Il va pourrir en enfer", indique sourire aux lèvres un homme d'une cinquantaine d'années, reprochant à l'ancien président américain d'avoir soutenu les révolutionnaires en 1979 et abandonné le monarque Mohammad Reza Pahlavi.

La télévision d'État iranienne a qualifié lundi Jimmy Carter "d'architecte des sanctions économiques" contre l'Iran. La liste n'a cessé de s'allonger depuis quatre décennies.

L'ancien président américain avait toutefois soutenu en 2015 l'accord sur le nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances. Ce pacte, qui aurait dû marquer la fin de l'isolement de l'Iran sur la scène internationale, prévoyait la levée d'une partie des sanctions internationales contre Téhéran, en échange de son engagement à ne pas se doter de l'arme nucléaire. L'Iran se défend d'avoir de telles visées.

En mai 2018, Donald Trump, alors président des États-Unis, avait unilatéralement retiré son pays de l'accord et rétabli de lourdes sanctions contre l'Iran, notamment contre ses secteurs pétrolier et financier.

Par Majid Sourati et Ahmad Parhizi, AFP

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