Les taux d’intérêt sur les dépôts en livres libanaises ont bondi en décembre, atteignant environ 45%. Cependant, ces taux ont été revus à la baisse dès le début du mois de janvier. Explications.
Tant les milieux bancaires que les déposants ont assisté à un bond des taux d’intérêt sur les dépôts frais en livres libanaises ces dernières semaines, atteignant 45%. Toutefois, ces taux ont été revus à la baisse dès le début du mois de janvier. En effet, plusieurs établissements bancaires ont cessé de proposer des taux d’intérêt aussi attractifs, car les liquidités disponibles sur le marché auraient augmenté. Le bilan de la Banque du Liban (BDL) indique une hausse de la masse monétaire en circulation d’environ 17% à la fin du mois de décembre.
Pour l’économiste en chef de la Byblos Bank, Nassib Ghobril, cette augmentation des taux d’intérêt est liée, d’une manière ou d’une autre, à la politique monétaire menée par la BDL, qui consiste à maintenir la stabilité du taux de change autour de 89.500 livres pour un dollar depuis juillet 2023. La banque centrale a retiré 22.000 milliards de livres libanaises du marché en 2023, réduisant ainsi la masse monétaire de 30%. Elle a continué cette politique afin d’éviter les spéculations et de canaliser la demande sur la livre libanaise.
M. Ghobril souligne néanmoins deux raisons principales expliquant ces offres alléchantes sur les dépôts frais en livres libanaises. Premièrement, "la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a procédé à des retraits massifs en livres, ce qui a particulièrement affecté certaines banques davantage dépendantes de ces dépôts. Par la suite, la CNSS a utilisé ces liquidités pour acquérir des bons du Trésor, renouant ainsi avec la politique d’endettement adoptée par le gouvernement.”
Deuxièmement, poursuit-il, "la BDL continue à gérer de manière très stricte la masse monétaire sur le marché. Par conséquent, la forte demande de livres libanaises a provoqué une augmentation du taux d’intérêt interbancaire (lorsqu'une banque emprunte à une autre), qui a culminé entre 120% et 150%. Ainsi, certaines banques ont estimé qu’il était préférable de s’endetter à 45% sur le marché des clients, plutôt que de le faire à 140% sur le marché interbancaire”.
M. Ghobril considère que ces banques qui offrent des taux de 30% sur 3 mois ou de 45% sur un an disposeront de suffisamment de fonds en livres libanaises pour les prêter à des taux beaucoup plus élevés sur le marché interbancaire, à savoir entre 120% et 150%. Elles pourront ainsi réaliser des bénéfices.
Pour l’économiste Fouad Zmokhol, les taux d’intérêt ont été revus à la baisse et sont revenus à des niveaux plus normaux, étant donné que la BDL a pris les mesures nécessaires pour relâcher un peu la masse monétaire en circulation ces dernières semaines et approvisionner davantage les banques en livres libanaises. “Cela ne pouvait pas durer, ces taux doivent être honorés, ce qui aurait augmenté les liquidités en livres libanaises", a-t-il conclu.
Commentaires