Ukraine: Washington et Londres annoncent de nouvelles sanctions contre le pétrole et le gaz russes
Cette photographie montre un panneau de Gazprom PJSC à une station-service exploitée par Naftna Industrija Srbije AD (NIS), à Belgrade, le 8 janvier 2025. ©Oliver Bunic / AFP

Les gouvernements américain et britannique ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions coordonnées contre le secteur énergétique russe, notamment contre Gazprom Neft, afin de saper "la plus grande source de financement du Kremlin" au service de l'effort de guerre en Ukraine.

A quelques jours de l'investiture le 20 janvier du président américain élu Donald Trump, le département du Trésor a détaillé une série de sanctions visant entre autres deux des principales sociétés russes du secteur, Gazprom Neft et Sourgoutneftegaz.

Londres a aussi sanctionné ces deux entreprises, "qui produisent à elles seules plus d'un million de barils de pétrole par jour, soit une valeur d'environ 23 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros) par an aux prix actuels".

Une décision immédiatement dénoncée comme "injustifiée et illégitime" par Gazprom Neft, filiale du grand groupe étatique Gazprom, citée par les agences de presse russes.

"Les Etats-Unis prennent des mesures radicales à l'encontre d'une source de revenus essentielle de la guerre brutale et illégale menée par la Russie en Ukraine. Elles viennent renforcer notre souci, depuis le début du conflit, de perturber les revenus du Kremlin issus de ce secteur, notamment avec la mise en place d'un prix plafond", a expliqué la secrétaire au Trésor sortante, Janet Yellen.

Daleep Singh, conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison Blanche pour l'économie internationale, a indiqué que ces sanctions étaient "les plus importantes jamais imposées" par les Etats-Unis au secteur énergétique russe.

"Ces sanctions frapperont durement tous les maillons clés de la chaîne de production et de distribution du pétrole russe", a-t-il ajouté.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a également assuré que les revenus pétroliers sont "vitaux pour l'économie de guerre de la Russie, représentant environ un quart de l'ensemble du budget russe en 2023".

"S'attaquer aux compagnies pétrolières épuisera le trésor de guerre de la Russie, et chaque rouble que nous retirons des mains de Poutine contribuera à sauver des vies ukrainiennes", a déclaré le chef de la diplomatie britannique David Lammy.

Washington a par ailleurs annoncé vendredi des sanctions contre près de 200 pétroliers et méthaniers opérant depuis la Russie et présentés comme faisant partie de la "flotte fantôme" de Moscou.

Un certain nombre des navires ciblés sont cependant enregistrés sous pavillon de la Barbade et du Panama.

 

- Levier de négociation -

 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué des mesures américaines et britanniques qui "portent un coup important au fondement financier de la machine de guerre russe".

Londres avait de son côté annoncé mi-décembre une nouvelle salve de sanctions à l'encontre de 20 navires de la flotte fantôme russe, portant à une centaine le nombre de bateaux sanctionnés.

Au-delà des producteurs et des navires, les sanctions américaines visent également l'ensemble de la filière, ciblant notamment un certain nombre d'intermédiaires, de fournisseurs de services sur les champs pétroliers ainsi que des responsables politiques du secteur.

Ces sanctions américaines passent également par l'interdiction de la fourniture de services proposés par des entreprises américaines spécialisées dans le secteur pétrolier à destination des entreprises visées, notamment dans l'assistance à l'extraction et à la production des produits pétroliers.

Elle entrera en vigueur le 27 janvier prochain, a précisé le département du Trésor.

Plus largement, les Etats-Unis se donnent la possibilité d'"imposer des sanctions à toute personne qui souhaite opérer ou a opéré dans le secteur énergétique russe", selon le communiqué du ministère.

Ces sanctions viennent s'ajouter aux nombreuses mesures déjà mises en place, notamment l'introduction d'un prix plafonné pour le pétrole russe, depuis décembre 2022.

Washington avait annoncé le 21 novembre une série de restrictions visant une cinquantaine d'établissement bancaires russes, dont la filiale financière de Gazprom, Gazprombank, afin, déjà, de réduire les revenus issus de la vente des hydrocarbures.

Interrogé sur le sort de ces sanctions sous le prochain gouvernement, un haut responsable américain a estimé, lors d'un échange avec la presse, que c'était "totalement de son ressort de décider si, quand et dans quelles conditions il pourrait lever les sanctions que nous avons mis en place".

Il a ajouté que ces mesures fourniraient - en affaiblissant Moscou - un "levier significatif" tant à l'administration de Donald Trump qu'à l'Ukraine "pour négocier une paix juste et durable".

Les sanctions entraînent le gel des avoirs détenus directement ou indirectement par les entreprises visées aux Etats-Unis ainsi que l'interdiction pour des entreprises basées aux Etats-Unis, ou des citoyens américains, de commercer avec ces cibles des sanctions, au risque d'être sanctionnés à leur tour.

 

Avec AFP

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