Alors que le tennis libanais connaît un tournant historique, Hady Habib s'apprête à affronter un adversaire de taille à l’Open d’Australie. En défiant Ugo Humbert, l'un des meilleurs joueurs mondiaux, le Libanais se trouve à la croisée des chemins, offrant au monde un aperçu du potentiel inexploré du pays du Cèdre sur la scène internationale.
Après une victoire historique au premier tour de l’Open d’Australie, Hady Habib s’apprête à affronter un défi de taille. Face à Ugo Humbert, tête de série n°14 et pilier du tennis mondial, le joueur libanais jouera bien plus qu’un match mercredi: il portera les espoirs d’un pays en quête d’histoires inspirantes. Malgré l’écart colossal au classement et l’expérience du Français, Habib a prouvé qu’il savait dépasser les attentes. Ce duel à haut risque sera l’occasion pour le pionnier du tennis libanais de continuer d'écrire sa légende. La rencontre est prévue ce mercredi, à partir de 4h50 du matin (heure de Beyrouth).
Un pionnier aux multiples racines
Fils d’une mère américano-iranienne et d’un père libanais, Hady Habib est né en 1998 à Houston, aux États-Unis, alors que la guerre civile faisait encore rage au Liban. Alors qu’il aurait pu représenter les États-Unis sur la scène internationale grâce à sa double nationalité, le joueur de 26 ans a toujours été clair sur son choix:
“Beaucoup me demandent pourquoi j’ai choisi de représenter le Liban, mais en fait, la décision a été facile. Quelles que soient les difficultés que traverse le pays, je suis tellement fier d’être libanais.”
Habib a grandi entre Houston et Beyrouth, où il a découvert le tennis à 9 ans. Il a passé une partie de son adolescence aux États-Unis en raison de la guerre, avant de poursuivre ses études à l’université Texas A&M. Là, il a obtenu un diplôme en gestion du sport tout en continuant à perfectionner son jeu.
Un parcours de résilience
En battant le Chinois Yunchaokete Bu (67ᵉ mondial) lors du premier tour, Habib a écrit une page d’histoire, devenant le premier Libanais à remporter un match en Grand Chelem. Cette victoire en trois sets disputés (7-6 [4], 6-4, 7-6 [6]) n’est pas un coup d’éclat isolé: elle illustre l’ascension constante d’un joueur qui a su surmonter les obstacles.
Après plusieurs années à végéter entre la 400e et la 800e place mondiale, Habib s’est progressivement approché du Top 200 grâce à un travail acharné et à une progression régulière. En décembre 2024, il a remporté son premier tournoi Challenger à Temuco, au Chili, marquant un tournant décisif. Ce titre lui a permis d’atteindre son meilleur classement (219ᵉ) et d’accéder pour la première fois au tableau principal d’un Grand Chelem.
Un défi de taille face à Humbert
Le chemin de Hady Habib se corse avec son prochain adversaire: Ugo Humbert, 14ᵉ mondial et habitué des grands rendez-vous. Humbert n’est ni plus ni moins que le numéro 1 du tennis français. Ce n’est pas peu dire et ce match rappelle sa confrontation avec Carlos Alcaraz lors des Jeux olympiques de Paris, en 2024, où il avait subi une défaite nette (6-3, 6-1). Cette expérience face à un membre du Top 20 lui a toutefois permis de mesurer le niveau d’exigence pour rivaliser au plus haut niveau.
Malgré l’écart de classement et d’expérience, Habib aborde ce match sans complexe:
“Je tente de rester concentré sur ce que je peux contrôler: ma tactique, mon calme et ma capacité à rester dans l’instant présent”, confie-t-il.
Un ambassadeur du tennis libanais
Au-delà de ses exploits individuels, Hady Habib est un symbole d’espoir pour le Liban. Dans un pays marqué par des crises économiques et politiques, sa réussite incarne un rayon de lumière. À Melbourne, il bénéficie d’un soutien inestimable de la diaspora libanaise, qu’il remercie chaleureusement:
“Merci au peuple libanais pour son soutien, ici, à Melbourne, ou ailleurs. Cela me donne une énergie incroyable pour continuer à me battre.”
Habib ne se contente pas de briller en simple. En Coupe Davis, il a contribué à une victoire importante contre l’Afrique du Sud, en 2024, avec son partenaire Benjamin Hassan. En février, une victoire contre le Pérou pourrait permettre au Liban de remonter dans le Groupe mondial I, antichambre de l’élite tennistique.
Certes, le tennis libanais reste toutefois en développement. Le troisième joueur libanais est classé au-delà de la 1200ᵉ place, et aucune Libanaise ne figure au classement WTA. Malgré tout, Habib est devenu un véritable ambassadeur pour son pays, prouvant que le talent et la détermination peuvent transcender les frontières.
David contre Goliath
Face à Humbert, le défi s’apparente à un combat de David contre Goliath. Pourtant, ce ne serait pas la première fois que Hady Habib défie les pronostics et surpasse les attentes. Ce match représente bien plus qu’une simple rencontre sportive: c’est une nouvelle étape dans la quête d’un rêve qui semble inaccessible pour beaucoup, mais pas pour lui. Après tout, dans le sport comme dans la vie, impossible n’est pas libanais!
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