Après plus de 50 ans de carrière, le metteur en scène Georges Lavaudant se lance dans Le Misanthrope de Molière. Il confie le rôle d'Alceste à Éric Elmosnino, qui donne vie à un personnage à la fois radical et complexe, en pleine quête de vérité. Avec cette nouvelle production, Lavaudant mêle habilement le classicisme moliéresque à une vision résolument contemporaine du théâtre.
Après une carrière de plus de cinquante ans à monter de nombreux auteurs contemporains et classiques étrangers, Georges Lavaudant se lance enfin dans l'univers de Molière, avec une nouvelle version de la pièce Le Misanthrope. Pour incarner Alceste, le metteur en scène de 77 ans a choisi Eric Elmosnino, César 2011 du meilleur acteur pour son rôle dans Gainsbourg. Le spectacle sera créé le 24 janvier (représentations jusqu'au 29) à Montpellier, avant de partir en tournée à Châlons-en-Champagne (1ᵉʳ et 2 mars) puis à l'Athénée-Théâtre Louis-Jouvet de Paris du 12 au 30 mars.
Pourquoi Molière, enfin?
Lavaudant n’a jamais monté les grands classiques français, un pari qu’il avait pris à 20 ans. "Je n’ai jamais abordé Racine, Corneille ou Marivaux", confie-t-il. Cependant, Le Misanthrope et Bérénice ont toujours exercé une grande fascination sur lui. "Il faut aussi trouver l'interprète qui vous permet de vous projeter dans la pièce", précise-t-il, soulignant que c'est cette rencontre avec Elmosnino qui a rendu le projet possible.
Elmosnino, de son côté, n’avait jamais rêvé de jouer Alceste. "J'ai besoin d'un peu de légèreté, d'humour, de distance... tout ce qu'il n'a pas", admet-il. Mais, sous la direction de Lavaudant, il a accepté ce défi. "Avec Georges, on s'est dit: On va s'en chercher un beau (rôle), et voilà", ajoute-t-il.
La langue comme défi
Alceste, personnage radical, critique sans relâche l’hypocrisie de son époque, y compris celle de Célimène, la femme qu'il aime. Lavaudant explique que, si ce désir de transparence est admirable, il peut aussi devenir tyrannique. "On aimerait tous, à certains moments, être des Alceste, avoir ce courage de dire les choses. Mais cette posture radicale peut aussi être une tyrannie", souligne-t-il. Il ajoute que la pièce offre un équilibre entre le radicalisme d'Alceste et la liberté de Célimène, avec Philinte, qui tente de concilier les deux.
Un autre aspect important de cette production est l'utilisation des alexandrins. Elmosnino admet que cette forme est "imparable, presque parfaite". Et d’ajouter: "On se l'approprie quand même un peu, on essaye de rentrer dans le costume, de malaxer cette langue et la faire sienne. Cela reste quelque chose de totalement artificiel, mais on a la folie de vouloir faire croire qu'on l'invente sur le moment."
Lavaudant, quant à lui, trouve dans cette contrainte une grande liberté: "C’est un jeu qui nous permet de redécouvrir les ambiguïtés de la pièce sans la réduire à une modernisation excessive."
Cette nouvelle version de l’œuvre Le Misanthrope promet de mettre en lumière toute la richesse du texte de Molière, tout en l'inscrivant dans une dynamique contemporaine.
Avec AFP
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