Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a assuré que le Liban est entré dans une phase nouvelle après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la désignation de Nawaf Salam pour former un gouvernement. "Nous ne sommes pas encore parvenus au Liban que nous souhaitons, mais nous sommes sur la bonne voie. Il est désormais impératif d’édifier un État comme il se doit", a-t-il assuré sur le plateau de l’émission, Sar el-Waet, sur la MTV.
M. Geagea a surpris les organisateurs et l’audience de Sar el-Waet, en faisant irruption dans les locaux de la MTV, alors que normalement il limitait ses déplacements pour des raisons de sécurité. “J’ai voulu montrer, à travers ma présence, que nous sommes sortis de la grande prison et que nous sommes entrés dans une nouvelle phase. L’espoir est aujourd’hui grand”, a-t-il dit.
M. Geagea a salué "le comportement du président Aoun vis-à-vis de de la formation du gouvernement” se félicitant de ce que le chef de l’État “a donné toute la latitude au Premier ministre pour mettre en place son équipe et s’est seulement entendu avec lui sur les grandes lignes" de la composition du cabinet.
Il a en revanche critiqué le comportement du tandem Amal-Hezbollah, leur reprochant de recourir aux pratiques passées de blocage, afin de pouvoir obtenir les portefeuilles qu’ils briguent. Et d’assurer: "L'ère de l'imposition est révolue".
S’il ne s’est pas dit opposé à l’octroi du portefeuille des Finances à la communauté chiite, il a contesté le fait qu’il soit confié à une personnalité imposée par le tandem, soulignant que Amal et le Hezbollah ne représentent pas exclusivement cette communauté. "Les chiites sont une composante essentielle du Liban et ont un rôle à jouer mais l'obstruction pratiquée par la Moumanaa (axe pro-Hezbollah Ndrl) est inacceptable”, a-t-il dit, rejetant les propos tenus par le chef du Parlement, Nabih Berry, dans le cadre d’une interview accordé au site d’information, Asas Media, selon lesquels l’attribution de ce portefeuille aux chiites est un “droit accordé par Taëf”.
Il a en outre contesté l’interprétation donnée par le duopole à la parité, en insistant sur le fait qu’elle est islamo-chrétienne et qu’elle n’implique pas un partage des parts au sein d’une même communauté.
M. Geagea a défendu la présence des FL au gouvernement, expliquant que leurs orientations vont dans le sens de celles du discours d’investiture. “Nous sommes les alliés naturels du président et du Premier ministre désigné”, a-t-il dit.
Il s’est dit favorable à un gouvernement de technocrates, précisant cependant que son parti ne va pas nommer des ministres mais a envoyé à Nawaf Salam une liste de noms de personnalités aptes à diriger des ministères, avec leurs CV. “Il a la liberté de choisir”, a-t-il dit, jugeant que rien n’empêche Amal et le Hezbollah d’agir de même.
Dans le même ordre d’idées, le chef des FL a relevé que l’élaboration de la Déclaration ministérielle “doit suivre le processus constitutionnel”. “Ses grandes lignes sont connues”, a-t-il insisté, citant en particulier l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban, pour rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. Il a donné lecture du préambule de l’accord dans lequel les forces officielles habilitées à porter les armes sont citées.
Dans ce contexte, M. Geagea a critiqué le Premier ministre sortant, Najib Mikati “qui a voulu confiner l’application de la 1701 au Liban-Sud et suggéré un dialogue national autour des armes au nord du Litani”.
Il a fait savoir que les FL se retireront du gouvernement, en cas de tentatives menées pour contourner les dispositions de l’accord de cessez-le-feu, dans le but de maintenir les armes du Hezbollah au nord du Litani.
Et d’ajouter: “Il est temps que l’État exerce son contrôle sur la totalité du totalité libanais, y compris faire face à la présence israélienne au Liban-Sud".
Enfin, M. Geagea a fait part de son “opposition totale au report des élections municipales, hormis dans certains villages du Liban-Sud devenus inaccessibles à certaines personnes”, en raison des destructions causées par la récente guerre entre Israël et le Hezbollah.
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