«Écritures» de George Merheb réécriture d’un passé chaotique
Entre dessin et écriture, l’exposition Écritures de l’artiste George Merheb se déroulera du 1er au 9 octobre 2022. Cette exposition est présentée dans le cadre des Journées libanaises à Saint-Paul de Vence, en France.

Pour George Merheb, «l’écriture et le dessin ont des destins entremêlés». Il est en effet difficile de séparer l’un de l’autre dans ses créations. «Les lignes construisent des mots illisibles dans un mélange étourdissant de traits et de courbes. Les mots indéchiffrables construisent des idées ambiguës et des histoires inavouables.» Que cherche à communiquer  l’artiste? «Des légendes qui font rêver, comme celle d’Europe enlevée de ses côtes phéniciennes pour atterrir sur des rives qui n’attendaient qu’elle pour avoir un nom. Ou encore celle de Cadmos partant à la recherche de sa sœur Europe et parsemant son alphabet sur toutes les rives méditerranéennes» pour s’ancrer à jamais dans l’Histoire. Cette Histoire, dont une ramification de petites histoires éternelles s’écrit et se réécrit à jamais dans les œuvres de George Merheb.



Le fil d’Ariane de l’artiste renforce une identité, celle d’un Orient rengorgeant de passé et témoin du passage de différentes civilisations, un Orient déchiqueté, fragmenté, déconstruit. «La présence de dessins éparpillés semble aider le spectateur à trouver un bout de fil qui, pourtant, mène à d'autres énigmes. Une pomme, une fleur, un taureau, qui surgissent de nulle part parmi les écritures cabalistiques, induisent presque volontairement en erreur. L'histoire qui n'a pas d'histoire.»

Dans cet ordre enchevêtré, non linéaire, dans cet équilibre instable, se reflètent les racines d’un temps révolu où le confusion commandait et donnait naissance à une inspiration autre, une manière de créer autre, une mosaïque culturelle de différents genres artistiques, en se basant sur un vécu aussi diversifié que riche.




«Le chaos créatif domine son œuvre. Un chaos hanté par les lettres, leur dimension et leur énergie au-delà de leur forme, inventant un nouveau langage où les signes dépassent leur réalité matérielle pour devenir accessibles à tous les regards, toutes les cultures et tous les rêves. Une déconstruction systématique des écritures traditionnelles au profit d’un nouveau langage global. Le Babel sans frontières dépasse toute logique et tout essai de trouver une carte qui puisse guider l’œil à poursuivre sa recherche du connu, du lisible.

La superposition des alphabets rappelle les strates des civilisations englouties qu’on ne retrouve qu’en fouillant profondément dans l’Histoire. Cette histoire commune aux peuples de la “Mare Nostrum”.»

Ainsi, l’art de George Merheb  est une réécriture d’un vécu culturel aux racines variées. Il puise son inspiration dans un pays chaotique et un retour en arrière aussi prospère qu’hétérogène.



Le lieu de l’exposition ajoute architecturalement un espace contenant à la création. Au-delà des frontières d’un lieu décousu, l’âme des créations retrouve un «bon port» et reprend le souffle de communiquer, de mettre au clair, de faire un pas de plus vers la compréhension de l’autre, de soi… ou sinon, l’acceptation et la tolérance.

Marie-Christine Tayah
@mariechristine.tayah
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