Le Liban à l’honneur au festival du court-métrage de Clermont-Ferrand
Table ronde à Clermont-Ferrand. ©Emma Da Silva

Le Liban est à l’honneur, depuis le week-end dernier, dans le cadre de la 47ᵉ édition du festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand grâce à une collaboration avec la Beirut Film Society. L’initiative permet la présentation d’une programmation riche qui célèbre la culture libanaise en terre française à travers le cinéma, l'art et la musique. Ici Beyrouth a rencontré l’équipe de la Beirut Film Society à cette occasion.

La 47ᵉ édition du festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand a été inaugurée, vendredi 31 janvier, à la maison de la culture de Clermont-Ferrand, mettant à l’honneur, cette année, le Liban. Pour l’occasion, deux courts-métrages libanais, Warsha de Dania Bdeir et Waves ’98 d’Ely Dagher, ont été projetés parmi d’autres lors de la cérémonie d’ouverture. Le festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand propose donc pour Focus Liban une programmation diversifiée et importante, coorganisée avec la Beirut Film Society, venue du Liban pour l’occasion. Cette collaboration vise à offrir au public un aperçu unique du cinéma libanais et de ses nombreuses facettes.

Ici Beyrouth est allé à la rencontre de l’équipe de la Beirut Film Society qui tient également un stand au Marché du film court de Clermont-Ferrand, offrant ainsi une vitrine privilégiée aux cinéastes libanais.

Focus Liban, le programme

Nicolas Khabbaz, programmateur et directeur artistique du Beirut Short Film Festival, directeur de la programmation du Batroun Mediterranean Film Festival et membre de la Beirut Film Society, est l’un des architectes de la programmation du festival. Il expose, dans un entretien accordé à IB, le programme composé de six sessions de courts-métrages, couvrant plus de 20 ans de création cinématographique libanaise jusqu’à nos jours.

Ces projections incluent une rétrospective, des films récents, ainsi que des séries innovantes comme Letters. Les spectateurs auront également l’opportunité d’assister à des tables rondes et des masterclass Focus Liban (La jeune garde du cinéma libanais, entre création et engagement/Documenter et archiver la guerre/Masterclass de Wissam Charaf). Les visiteurs pourront également écouter le podcast “Maabar”, découvrir l’exposition de l’artiste-photographe libanaise Lara Tabet ainsi que l’exposition Anatomie du Labo 17, avec la participation du plasticien libanais Brahim Samaha (auteur de l’affiche Rétrospective Liban) et profiter aussi d’un concert de Nâr (Nadine Daou, également membre du jury des Films Labo en compétition officielle) fusionnant musique et cinéma.

Parmi les moments phares de cette programmation, on retrouve trois films en compétition officielle, qui incarnent l’avant-garde du cinéma libanais. Les résultats seront annoncés lors de la cérémonie de clôture qui aura lieu ce samedi 8 février à la salle Jean Cocteau. Sont ainsi en compétition:

Dans la section Films internationaux, What If They Bomb Here Tonight? de Samir Syriani.

Dans la section Films labo, Ship of Fools de Alia Haju.

Et dans la section Films français, Le Diable et la bicyclette de Sharon Hakim.

Beirut Film Society et l’importance de cette collaboration

Sam Lahoud, président de la Beirut Film Society, a évoqué, dans le cadre d’un entretien express à Ici Beyrouth, l’importance de cette collaboration avec le festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand et du programme Focus Liban. Il souligne, dans ce cadre, que ce festival est une vitrine très importante pour le cinéma libanais et une ouverture vers le monde entier. Il s'agit avant tout, précise-t-il, de célébrer le pays du Cèdre dans sa diversité culturelle et artistique, loin de l'image réductrice de la guerre et de la violence. À travers ce programme, le Liban est présenté comme un lieu de célébration de la vie, incarnée par les traditions culinaires, le vin, l’arak, et bien sûr, le cinéma. Cela permet de redonner une voix au pays et de rappeler au monde que la culture libanaise revêt une forme de résistance et de résilience.

Mise en contexte du cinéma libanais

Le président de la Beirut Film Society a participé à la table ronde “La jeune garde du cinéma libanais, entre création et engagement” qui visait à remettre cette programmation dans son contexte. Plusieurs figures importantes du cinéma libanais sont intervenues aux côtés de Sam Lahoud, en l’occurrence Noël Keserwany, Manon Nammour et Josef Khallouf. Modérée par Sarah Hajjar, présidente du festival du film libanais de France, cette discussion a permis d’explorer les enjeux et les évolutions du cinéma libanais, en particulier au sein de la jeune génération de cinéastes.

Au cœur des échanges, une question centrale a émergé: celle de l’identité du cinéma libanais. Certains, comme Sam Lahoud, estiment qu’il n’existe pas vraiment d’identité cinématographique précise et qu’elle réside plutôt dans la production du film et dans l’urgence d’écrire notre histoire, la vraie. Manon Nammour va dans son sens, évoquant l’idée d’une thématique qui revient souvent, celle de la quête d’une identité ou d’une mémoire collective qui résonne profondément avec les enjeux actuels du pays. La question de la censure a également été abordée, rappelant les défis auxquels sont confrontés les cinéastes libanais dans un contexte politique et social tendu.

Cette collaboration entre la Beirut Film Society et le festival de Clermont-Ferrand permet de dévoiler un cinéma libanais à la fois engagé, émouvant et en constante évolution, au cœur d’un festival international d’une grande importance dans le secteur du cinéma mondial.

 

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