Liban: de l’insécurité! Où ça?
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La politique de l’autruche. Cachez cette insécurité que nous ne saurions voir.

Depuis quelques semaines, de manière diffuse mais concomitante, des actes de délinquance se multiplient dans certains quartiers de Beyrouth. Bien entendu, il n’y a aucune preuve que ces événements soient concertés. Mais, mais, comme toujours au Liban, il y a un mais! Le profil des quartiers ciblés, les lieux… des indices forts font planer un dangereux faisceau de soupçons. Commerces, lieux de sorties nocturnes… à Achrafieh, Badaro… établissements et personnes sont visés. Certains ont été blessés. Sans parler de l’odieux crime de Faraya ou de l’assassinat de l’archimandrite Kojanian. Parfois, les criminels, quand ils ne bénéficient pas de protections, sont arrêtés, mais d’autres prennent la relève. Le réservoir de bandits en tout genre est conséquent.

Le sentiment d’insécurité va croissant en parallèle avec la colère des habitants. Ces derniers n’ont qu’une confiance relative dans la justice et se demandent où sont passées les polices municipales par exemple… Alors, ce qui est craint arrive. On commence à parler d’autodéfense, de personnes qui s’organisent pour monter la garde devant leurs biens… un glissement dangereux hors du giron étatique.

L’État, parlons-en, est occupé ailleurs. À trouver un gouvernement. Retour à la case de la “fromagisation” ministérielle. Chaque parti veut le maximum de “bons postes”. Une pincée de tandem chiite par-ci, de CPL par-là… le grand écart du Premier ministre désigné consiste à ne pas se mettre à dos tout le monde tout en essayant d’éviter les noms les plus “infréquentables”. C’est comme s’il n’y avait pas eu de guerre. Pas de défaite. Pas de pression internationale. On prend les mêmes et on recommence… à tourner en rond! Pour briser le cercle infernal, il y a nécessité d’un petit coup de fouet. Il arrive. 

Ce jeudi, Beyrouth attend la visite de Morgan Ortagus, qui succède à Amos Hochstein, comme envoyée spéciale de Donald Trump pour le Liban. On ne peut pas dire que son caractère soit compatible avec les atermoiements des politiciens libanais. Elle va certainement exiger des actes forts et brandir le bâton. Avec le sourire. Il y a des chances qu’elle revienne régulièrement secouer la torpeur ambiante. De quoi va-t-elle parler? D’un gouvernement dans lequel le Hezbollah ne fait pas la loi, du respect des résolutions de l’ONU, du désarmement des milices, du soutien à l’armée libanaise, de la date butoir du 18 février, fin de la trêve prolongée. La liste est longue.

En attendant, les Libanais et pas seulement de la capitale, vont continuer à scruter les délinquants qui rôdent. Comme si une main invisible voulait détourner leur attention. Paul Valéry disait: “La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.” Nous y sommes.

 

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