Jamel Debbouze dévoile sa part sombre dans \
L'acteur franco-marocain Jamel Debbouze prend la parole lors de la 49e édition de la cérémonie des César à l'Olympia, à Paris, le 23 février 2024. ©Stephane De Sakutin / AFP

Dans Mercato, en salles mercredi, Jamel Debbouze s’éloigne de son registre comique pour incarner un agent de joueurs cynique et manipulateur, pris dans l’engrenage du foot-business. Entre trahisons, magouilles et quête de rédemption, l’acteur explore une facette inédite de son jeu sous la direction de Tristan Séguéla.

Fini de rire: dans le thriller Mercato, en salles mercredi, Jamel Debbouze met de côté l’humour et explore sa "part sombre" en campant un agent de joueurs cynique et manipulateur, pris dans l’engrenage du foot-business et prêt à tout pour s’en sortir.

"Cette part sombre a toujours été un peu là, mais jamais on n’avait fait appel à autant de complexités chez moi", souligne le comédien-humoriste dans un entretien avec l’AFP, conscient de casser son image avec ce "personnage antipathique au premier abord et qu’il faut vraiment creuser pour apprécier".

Devant la caméra nerveuse de Tristan Séguéla (coréalisateur de la série Tapie sur Netflix), Jamel Debbouze n’a pas le temps de rire. Agent de joueurs à la dérive, son personnage, Driss, a sept jours pour rembourser des mafieux qui l’avaient aidé à boucler un précédent transfert et qui veulent aujourd’hui leur part du gâteau.

Pour arriver à ses fins, Driss manipule des joueurs ou la mère d’un jeune prodige du foot, quand il ne tente pas de séduire les monarchies du Golfe qui, comme dans la vraie vie, ont fait main basse sur de grands clubs européens. Le tout sous l’œil de son fils (le jeune Milo Machado-Graner d’Anatomie d’une chute), son unique boussole morale, avec lequel il tente de renouer.

"Je ne dirais pas que mon personnage est sympa, mais à la fin, je le comprends. Il a sacrifié sa vie de famille et tout donné pour ce sport. Quand on est passionné à ce point, j’ai envie de dire: la fin justifie les moyens", développe Jamel, qui partage avec Driss une même adoration du ballon rond.

"Jamais dégoûté" du foot

Peu importe les coulisses obscures, les déluges d’argent et les controverses qui ont fini par lasser certains fans: à bientôt 50 ans, Jamel conserve la même fascination pour le foot qu’à l’époque où son oncle l’emmenait, enfant, au Parc des Princes.

"Je te jure, moi, je fais du théâtre, je joue dans des Zéniths avec des grosses jauges et je passe mon temps à écrire des trucs pour susciter des émotions, mais on n’arrivera jamais à la cheville d’un match de foot, même si tu me mets tous les auteurs que tu veux: Shakespeare, Corneille, Molière ou Louane", plaisante-t-il. "Je comprends que ce soit l’opium du peuple", ajoute-t-il, lui qui dit aimer ce sport "plus que tout".

Dans le film, son personnage raconte avec passion à son fils un moment de légende de la Ligue des champions: la reprise de volée victorieuse du gauche de Zinédine Zidane lors de la finale de la compétition en 2002. Et on devine que Jamel n’a pas eu besoin de forcer son jeu.

"On ne sera jamais dégoûté de ça", tranche-t-il. Son réalisateur en convient: "Dans ce milieu, tout le monde navigue en eaux troubles et se tire dans les pattes, mais tant qu’il y aura des joueurs qui font se lever tout un stade comme un seul homme, on aura encore un peu de raison de se dire qu’on n’est pas foutus", estime Tristan Séguéla.

Mercato ne montre certes pas la face la plus glorieuse du sport-roi, mais Jamel Debbouze, qui compte plusieurs footballeurs professionnels parmi ses proches, y voit un appel à ménager les joueurs, encensés aussi rapidement qu’ils sont descendus en flammes.

"Maintenant que j’ai eu la chance de côtoyer des joueurs, ce milieu, et d’avoir fait ce film, j’ai beaucoup plus de sollicitude pour eux. Je les attaque beaucoup moins vite", raconte Jamel. "J’aime davantage ce sport, car je le regarde maintenant aussi par le spectre de l’humanité. Et je me dis qu’il ne faut pas les accabler trop vite. Il y a des choses derrière qu’on ne soupçonne pas."

Avec AFP

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