![À New York, la justice tente de résister aux pressions de l'administration Trump pour sauver le maire](/images/bibli/1920/1280/2/afp2025021136xc9fyv1previewfilesuspoliticsnewyorkcrime.jpg)
Les pressions de l'administration Trump sur la justice pour épargner au maire de New York un procès en corruption, avec les expulsions de migrants en toile de fond, se sont heurtées à la résistance des procureurs et provoqué une crise politique dans la plus grande ville américaine.
Vendredi soir, dans un nouvel épisode de ce feuilleton, trois procureurs fédéraux basés à Washington, dont le numéro 2 du ministère de la Justice, Emil Bove, ont, enfin, formellement transmis au juge chargé du dossier à New York la demande de lever les poursuites contre le maire démocrate Eric Adams.
Le juge fédéral Dale Ho devra valider cette requête, qui provoque depuis plusieurs jours une crise politique et judiciaire et a abouti à la démission de sept procureurs ayant refusé de se plier aux ordres à New York et à Washington.
"Je veux être très clair avec les New Yorkais: je n'ai jamais offert - et personne ne l'a fait en mon nom - mon autorité de maire contre la fin de mon dossier judiciaire", a assuré vendredi le maire de la mégapole de plus de 8 millions d'habitants, contre qui les appels à la démission dans son camp ont redoublé.
Un peu plus tôt vendredi, son apparition, tout sourire, sur le plateau de la chaîne préférée des conservateurs Fox News, en compagnie du "tsar des frontières" Tom Homan, responsable du programme d'expulsions massives d'immigrés clandestins promis par Donald Trump, a de nouveau illustré son rapprochement avec la droite.
La veille, il s'est dit prêt à collaborer davantage avec l'administration Trump sur le sujet des expulsions de migrants, alors que les associations qui les défendent craignent des violations des droits humains.
Lundi, le ministère de la Justice a donné ordre aux procureurs fédéraux de Manhattan de lever l'inculpation pour corruption qui pèse sur Eric Adams, dans une vaste affaire de financement illégal de campagne et de pots-de-vin impliquant la Turquie.
Mais cette intervention politique dans un dossier judiciaire s'est heurtée à la résistance du parquet de Manhattan, habitué aux dossiers sensibles. Refusant de s'exécuter devant le pouvoir, la procureure fédérale Danielle Sassoon a remis sa démission jeudi, suivie par l'un de ses adjoints et, d'après le New York Times, cinq autres responsables de l'unité chargée de la lutte contre la corruption au ministère de la Justice.
Pour Danielle Sassoon, réputée conservatrice, suivre cette injonction lui imposerait de "rejeter un acte d'accusation établi par un grand jury (de citoyens) pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la solidité du dossier".
"Dans aucun régime de liberté, on ne peut permettre au gouvernement d'utiliser la carotte de l'abandon de poursuites, ou le bâton de la menace d'un nouveau procès, pour inciter un élu à soutenir ses objectifs politiques", a renchéri son adjoint Hagan Scotten, un vétéran de l'armée américaine qui dirigeait l'enquête sur Eric Adams, dans un courriel de démission.
Emil Bove, ancien avocat de Donald Trump, avait clairement indiqué que "les poursuites en cours ont indûment restreint la capacité du maire Adams à consacrer toute son attention et ses ressources à la lutte contre l'immigration illégale et la criminalité".
Avec AFP
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