Naïm Qassem entre conciliation et blâme: Sommes-nous des employés d'Israël?
En commémoration du souvenir des dirigeants martyrs du Hezbollah, le secrétaire général du Hezbollah a invité à une participation populaire importante. ©Al Markazia

Tel un rituel désormais bien maîtrisé, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Qassem, a placé son discours sous deux enseignes politiques, l’une plutôt réduite, régionale, l’autre plus élaborée, locale.

En ce qui concerne les développements politiques internes, Qassem a joué les cartes de la “bonne intention apparente” et de “l’innocence”. “Nous nous sommes efforcés de contribuer à la régulation des institutions: tout le monde atteste que c'est le duo chiite qui a mené à bien l'élection du Président Joseph Aoun, et nous avons donc été une partie prenante fondamentale à la consécration de l’entente nationale” a-t-il affirmé.

Sur le même ton conciliant, Qassem a qualifié le duo chiite, en l’occurrence le Hezbollah, de “facilitateur” de la formation du gouvernement et de “contributeur au décollage du pays”.

Abordant la déclaration ministérielle qui n’apportera plus une “couverture légitime” aux armes du Hezbollah au détour du traditionnel slogan “peuple, armé et résistance” désormais révoqué de la littérature officielle, Qassem n’a pas hésité à déclarer: “Le peuple libanais a le droit d'affronter l'ennemi israélien. Il s’agit d’un droit consacré”.

Quant à l’affaire de l’avion iranien interdit d’atterrir à l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, Qassem a discrédité la raison de “protection des civils” avancée par le Premier ministre, Nawaf Salam, estimant qu’il s’agit en fait de l’exécution d’un ordre israélien. “Que l’avion atterrisse et voyons ce que fera Israël” a-t-il scandé. “Sommes-nous des employés d’Israël? Nous sommes en train d’exécuter les demandes de l’occupant. Je demande au gouvernement de reconsidérer cette décision dans un sens qui renforce notre souveraineté”.

Qassem a dénigré le lancement de bombes lacrymogènes contre les manifestants sur la route de l’aéroport. Il a considéré que “ce n’était pas nécessaire de nous impliquer entre l'armée et le peuple”.

Il a aussi condamné l’attaque dont a été l’objet la Force intérimaire des Nations unies (Finul).

Qassem s’est par la suite imposé en guide de l’État. Il a identifié les lignes directrices que devraient appliquer les responsables: lancer le procès des corrupteurs; œuvrer par tous les moyens pour obliger Israël au retrait complet, sinon “tout le monde sait comment traiter avec l’occupation”, faisant ainsi allusion au recours éventuel du Hezbollah aux armes.

Autre instruction adressée à l’État: entamer la reconstruction. Qassem n’a pas hésité à s’exprimer clairement à ce sujet: “Le devoir de l’État est d’œuvrer à la reconstruction. Nous sommes prêts à coopérer pour réaliser cette opération qui relève de la responsabilité de l’État”.

Toujours revêtant l’habit de conseiller de la République, il a “proposé” au gouvernement de recourir aux concours pour sélectionner les fonctionnaires administratifs compétents et couper ainsi court à la distribution de quotas et au clientélisme.

S’attaquant aux positions “très dangereuses” du président américain, Donald Trump, à l’égard de la cause palestinienne, Qassem a estimé qu’ “il s’agit d’un génocide politique” qui s’inscrit dans la lignée de la tentative israélienne d’éradiquer le peuple palestinien.

Qassem a blâmé les pays arabes restés silencieux face au “génocide” perpétré à l’encontre du peuple palestinien, alors qu’ils pouvaient exercer des pressions et recourir à la politique du boycott pour “changer l’équation”. “Nous rejetons fermement tout déplacement des Palestiniens vers l'Égypte, la Jordanie, l'Arabie saoudite ou tout autre pays. Nous rejetons également tout déplacement vers le Liban”, a scandé Qassem.

De retour sur l’occasion de ce discours, la commémoration du souvenir des dirigeants martyrs du Hezbollah, le secrétaire général du Hezbollah a invité à une participation populaire importante vu le “caractère exceptionnel” des deux anciens secrétaires généraux du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah et Sayyed Hachem Safieddine, mais surtout en guise de déclaration publique de fidélité à une voie et à un mode d’existence.

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