
Il semble que la République islamique d'Iran et le Hezbollah n'aient pas encore accepté la fin du rôle militaire et sécuritaire du Hezbollah, en tant que bras armé de la révolution islamique. C'est pourquoi ils tentent, par tous les moyens, de maintenir au moins une base qui pourrait permettre à ce dernier de se renflouer dans ce contexte, bien que la décision prise tant au niveau régional qu'international soit claire: le Hezbollah ne pourra exister en tant que parti politique que s'il rompt ses liens militaires et politiques avec l'Iran.
Le Hezbollah n’avait certainement pas anticipé que la guerre de soutien lancée contre Israël le 8 octobre 2023 aboutirait à sa défaite militaire et à la disparition de son influence au Liban et dans la région. Les dirigeants du parti de Dieu, ainsi que sa base, étaient convaincus de pouvoir détruire Israël et le rayer de la carte. Ils étaient loin d’imaginer à quel point Israël avait infiltré leurs rangs et attendait le moment propice pour les anéantir.
En effet, en déclenchant la guerre de soutien, le Hezbollah a justement offert à Israël une occasion en or, en dépit des mises en garde locales et régionales, persistant même malgré les menaces israéliennes d’une guerre totale. Le groupe s'est appuyé sur une lecture erronée de la situation, croyant à tort qu'Israël était réticent à s'engager dans un conflit prolongé. Or, la réalité s'est avérée tout autre. Le prix payé par le Hezbollah a été bien plus lourd que prévu, avec notamment l'assassinat de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, et l'élimination de l'ensemble de son directoire politique et militaire.
Face à cette situation, le Hezbollah a été contraint de demander la cessation des hostilités, mais cela s’est fait à travers un accord de reddition qui a permis à Israël de poursuivre ses opérations au Liban sans accorder de garanties au Hezbollah, notamment en matière de reconstruction. Les événements qui s’ensuivaient ont montré que le groupe était interdit de reconstruire son appareil militaire et que l'Iran ne pouvait intervenir dans ce processus. De plus, la reconstruction a été soumise à des conditions strictes, aucun financement iranien n’étant accepté, avec l'État libanais comme acteur central de ce processus, et aucun autre pays.
Pour rappel, durant des décennies, le Hezbollah a exercé son emprise sur le Liban, œuvrant à saper l'État central et à édifier son propre mini-État parallèle. Il a confisqué les décisions politiques, militaires et sécuritaires, ridiculisant un État qu’il jugeait incapable de protéger le Liban et dénigrant une armée jugée trop faible face à lui. Le parti a mis à mal toutes les relations que l’État avait établies avec les pays arabes, en particulier les États du Golfe. Paradoxalement, il s’attend désormais que l'État porte le fardeau de la catastrophe qu'il a lui-même provoquée, sans assumer la moindre responsabilité, ni envers sa base, ni envers l'État libanais. Il exige que l'État fonctionne comme avant la guerre et prenne en charge la gestion des catastrophes qu'il a causées, sans être tenu de rendre des comptes et sans effectuer la moindre remise en question quant à ses propres actions.
Le Hezbollah se trouve à la croisée des chemins et pour cause: sa situation tant sur le plan intérieur qu’extérieur est particulièrement complexe, alors que des divergences sur les choix à faire émergent au sein même de son organisation. Partant, il est impératif qu'il tire les enseignements sérieux de la guerre récente et de ses conséquences. Grosso modo, le Hezbollah, bras armé de l'Iran pour l’exportation de la révolution, est un chapitre clos. Le Hezbollah, qui a pris l'État libanais en otage, est terminé; le Hezbollah, avec sa puissance militaire, est devenu un fardeau pour lui-même, pour sa base et pour le Liban. Ses options se réduisent désormais à deux: soit il démantèle son arsenal, soit quelqu'un se chargera de le faire à sa place.
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