
Dans La Tour de glace, Marion Cotillard incarne une actrice glaciale et inaccessible, reflétant les complexités du métier. À travers ce rôle, elle revient sur sa vision du cinéma, son besoin d’échange et sa manière d’aborder les personnages les plus marquants de sa carrière.
Marion Cotillard, à l’affiche de La Tour de glace, en compétition au Festival de Berlin, campe une diva du cinéma enfermée dans sa propre solitude. Un rôle puissant, inspiré d’une adaptation libre de La Reine des neiges, version Andersen et non Disney. L’actrice avoue ne pas avoir connu le conte dans son enfance, mais l’avoir découvert à travers le film d’animation.
"J’aime beaucoup le premier. J’ai aimé cette noirceur d’Elsa, je trouve ça très déstabilisant comme personnage Disney, cette femme qu’on enferme alors qu’elle a de l’amour dans son cœur. La manière dont elle va exprimer tous ses sentiments se termine mal. Et puis, j’adore la chanson", explique-t-elle à l’AFP. Elle a ensuite découvert l’histoire à travers l’adaptation de la Comédie-Française et a été frappée par la différence entre les deux versions.
Fidèle à elle-même dans un monde compétitif
Si La Tour de glace explore l’isolement d’une actrice coupée du monde, Marion Cotillard, elle, rejette cette approche dans sa carrière. "Il m’est arrivé de travailler, très peu, mais parfois, avec des acteurs qui se mettaient vraiment dans une bulle, et pas seulement pour travailler leurs personnages. Ils se considéraient comme des gens peut-être un petit peu au-dessus des autres. Heureusement, ça ne m’est pas arrivé si souvent."
Loin de ces pratiques, elle privilégie le partage et la collaboration. "J’ai besoin de partager avec les gens, parler, communiquer, échanger! Il y a des rôles parfois qui demandent un isolement, mais, ça, c’est différent: en tant qu’actrice, je vais créer un espace pour pouvoir donner le meilleur au réalisateur et au personnage que j’interprète." Certaines scènes, particulièrement intenses émotionnellement, nécessitent une immersion totale, mais sans jamais sombrer dans la distance avec l’équipe. "Ce n’est pas une tour d’ivoire, mais c’est quand même une forme d’isolement."
Un jeu tout en nuances et en intensité
Marion Cotillard a toujours eu l’opportunité d’endosser des rôles complexes dans une incarnation juste. Selon elle, l’essor des réalisatrices dans l’industrie du cinéma change la manière dont les rôles féminins sont écrits et perçus. "Une femme a envie d’explorer tous les aspects de la vie d’une femme, tous les âges, d’explorer comment le regard face à elle-même, le regard de la société face à l’évolution d’une femme, va se transformer. Plus il y a de réalisatrices, plus il y a de rôles intéressants pour les femmes à tout âge!" Sa carrière en est un parfait exemple: de La Môme à Deux jours, une nuit, elle incarne des rôles intenses qui transcendent les archétypes classiques du cinéma.
Des projets, une vision
De plus en plus d’actrices prennent le contrôle de leur carrière en produisant leurs propres films. Un choix que Marion Cotillard trouve inspirant. "Oui, être à l’origine d’un projet, c’est très intéressant. Les Américaines sont plus habituées à ça, parce qu’il y a moins de films d’auteur aux États-Unis. On peut prendre une histoire et décider d’aller chercher un réalisateur ou une réalisatrice, qui ne va pas forcément porter l’histoire au départ. En France, c’est différent parce qu’on a vraiment des films d’auteur."
L’actrice réfléchit même à la possibilité de passer derrière la caméra. "Peut-être que la solution serait que je réalise un film dans lequel je joue? C’est encore une espèce de petite porte que j’ai à ouvrir en moi." Une question qu’elle laisse en suspens, mais qui témoigne de sa volonté de repousser ses propres limites artistiques.
Avec AFP
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