Des réalisatrices en lice pour l'Ours d'or bousculent la maternité
L'actrice française Dominique Reymond prend la parole lors d'une conférence de presse pour le film La cache (The Safe House), présenté en compétition à la 75e Berlinale, le 20 février 2025. ©Ralf Hirschberger / AFP

À la Berlinale, plusieurs réalisatrices en compétition pour l'Ours d’or explorent la maternité sous un angle inédit, loin des clichés habituels. Des récits intenses et nuancés, du burn-out maternel à la dépression post-partum, redéfinissent l'image de la mère au cinéma.

Plusieurs réalisatrices en lice pour l'Ours d'or samedi à Berlin renouvellent le regard et apportent de la nuance sur un sujet éternel, celui de la maternité.

Parmi ces films, If I Had Legs I'd Kick You fait figure de coup de poing. Ce film américain avec Rose Byrne (Marie Antoinette, X-Men) dans le rôle de Linda, une mère new-yorkaise au bord de la crise de nerfs, avait déjà fait le buzz le mois dernier au festival de Sundance.

Son propos sur le burn-out rappelle, sur le même thème, le film À plein temps avec Laure Calamy, primé à Venise, mais en version américaine, encore plus survoltée et suffocante.

Pour raconter l'histoire de cette mère, thérapeute de métier, dont la vie dérape alors qu'elle doit s'occuper seule de sa fille malade, la réalisatrice Mary Bronstein cadre serré sur Rose Byrne tout au long du film, son enfant n'apparaissant qu'hors champ, tandis que Linda boit, fume et lutte pour garder la tête hors de l'eau.

"Mon idée était que Linda ne parvient littéralement pas à voir son enfant en tant que tel : une petite fille malade qui a besoin d'une mère", a expliqué Mary Bronstein à Berlin. "Elle évite cette réalité, et elle voit sa fille seulement comme une obligation, comme un autre problème, comme une chose qui la victimise."

Rose Byrne a été attirée par le rôle, car il osait représenter une maternité imparfaite.

"Je suis intéressée par l'exploration, en particulier à travers les yeux d'une femme, de ce qu'est être une mère, ce qui n'est pas quelque chose que l'on voit toujours", a expliqué l'Australienne.

Dépression post-partum

De Pedro Almodóvar (Tout sur ma mère) à Xavier Dolan (Mommy), les cinéastes se sont toujours intéressés aux figures maternelles.

Mais la réalisatrice autrichienne Johanna Moder, dont le film Mother's Baby est également en compétition à Berlin, estime que le rééquilibrage à l’œuvre entre réalisatrices et réalisateurs, dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes, permet de renouveler le genre.

"Au cours des 100 dernières années de l'histoire du cinéma, il n'y a pas eu de mise à jour" du propos sur la maternité, a-t-elle déclaré. Cela change, et "je suppose que cela est lié au fait que les femmes réalisent plus de films maintenant et qu'elles illustrent cette histoire de leur point de vue."

Son film, Mother's Baby, met en scène l'actrice suisse-allemande Marie Leuenberger dans le rôle principal. Son personnage, Julia, peine à établir le lien avec son nouveau-né avant de sombrer dans une dépression post-partum et la paranoïa, donnant au film l'atmosphère d'un thriller psychologique.

"Elle essaie d'aimer cet enfant parce que c'est ce qu'une mère est supposée faire. Vous devez être heureuse", a déclaré Marie Leuenberger. "Et pourtant, son instinct lui dit à chaque instant qu'elle doit être vigilante, parce que quelque chose ne va pas."

La maternité, dans toutes ses nuances et ses imperfections, est également l'un des thèmes de Hot Milk, de la Britannique Rebecca Lenkiewicz, adapté du roman de Deborah Levy.

Emma Mackey y joue le rôle d'une Britannique qui accompagne sa mère (Fiona Shaw), gravement malade, dans une station balnéaire espagnole. Leur relation mère-fille est percluse de mensonges et de non-dits.

Elle rencontre une voyageuse, jouée par Vicky Krieps, dont elle admire la liberté et dont les traumatismes rappellent furieusement ceux de sa propre mère.

Avec AFP

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