Fin de la première journée consacrée au débat de confiance. Réunis mardi au Parlement pour une séance plénière qui devrait s’étaler sur deux jours et durant laquelle près de 75 députés prendront la parole, les parlementaires voteront en faveur (ou non) de la confiance au nouveau gouvernement baptisé “gouvernement de sauvetage et de réforme”. Ainsi et pour entrer pleinement en fonction, le cabinet doit-il obtenir la confiance de la majorité absolue des députés présents.

Après lecture, par le Premier ministre, Nawaf Salam, des décrets de formation du gouvernement et de la déclaration ministérielle, approuvée le lundi 17 février, le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, a pris la parole. Annonçant son soutien au nouveau cabinet, il a toutefois émis quelques réserves, notamment sur la question des sources de financement pour la reconstruction du pays, au lendemain de la guerre entre le Hezbollah et Israël. Un dossier qui a été consacré par la déclaration ministérielle et qui a suscité des remous parmi certains députés qui s’interrogent sur l’origine des fonds destinés à cet effet.

Crise sécuritaire et retrait israélien

Pour sortir de la crise politique et sécuritaire actuelle, M. Bou Saab a appelé au dialogue national qui devrait porter principalement sur la souveraineté du pays, les mécanismes de défense et le monopole des armes par l’Etat.

Le député des Forces libanaises (FL), Georges Adwan, a, lui, incité le gouvernement à établir un calendrier et à fixer des délais ne dépassant pas les quelques mois pour la remise des armes illégales aux autorités libanaises. Il a également insisté sur la nécessité pour le Liban de s’engager dans une position de neutralité et de veiller à la mise en œuvre effective des résolutions internationales, notamment la 1701 et la 1559 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Et de souligner que la réforme et le sauvetage du pays passent impérativement par une reprise du contrôle, par l’Etat, de l’ensemble du territoire.

A cette thèse, adhère la député FL, Sethrida Geagea qui a précisé que l’application des résolutions susmentionnées permet l’affirmation du monopole de l’Etat sur la détention des armes et la décision de guerre et de paix.  

Pour sa part, le député du parti socialiste progressiste (PSP) Hadi Abou el-Hosn, a mis l’accent sur l’importance du retrait israélien de tout le territoire libanais. Il a, de fait, lancé un appel à la communauté internationale pour exercer des pressions dans ce sens.

"Le retrait de l'occupation israélienne est primordial”, a affirmé à cet égard le député indépendant Abdel Rahman Bizri, qui a mis l’accent sur la notion de stratégie de sécurité nationale adoptée par le gouvernement dans sa déclaration ministérielle.

Ainsi, et aux côtés de M. Bou Saab et des FL, le parti socialiste progressiste (PSP) a déclaré que son bloc apporterait sa confiance au gouvernement, considérant que la déclaration ministérielle correspondait aux aspirations du parti.

Si le Hezbollah a, lui aussi, exprimé son soutien au gouvernement, il n’en demeure pas moins que le discours du chef du bloc parlementaire de la formation, Mohammad Raad, a principalement porté sur la guerre entre Israël et le Hezbollah, vantant les “exploits” de la formation. Ce n’est que vers la fin de son allocution que la teneur de son discours a pris une autre ampleur, lorsque M. Raad s’est montré prêt, au nom du Hezb, à coopérer avec le cabinet.

Aux propos du député du Hezbollah a rétorqué Michel Moawad, qui a également accordé sa confiance au gouvernement. Le député de Zghorta s’est montré ouvert et prêt à tendre la main au Hezbollah, afin de “bâtir un État et une nation pour tous les Libanais”. En réponse au discours prononcé par M. Raad, il a ainsi complètement rejeté l’idée que l’État soit soumis aux armes et aux tergiversations confessionnelles. Il a, en outre, dénoncé le discours contradictoire du Hezbollah qui, d’une part, plaide pour le déploiement de l’armée libanaise au Liban-Sud, et, d’autre part, refuse de livrer ses propres armes.

Réformes et redressement des institutions

Emettant le souhait que le gouvernement puisse procéder au redressement des institutions, le député Neemat Frem a accordé sa confiance au gouvernement. Un défi de taille auquel a fait référence le parlementaire Alain Aoun (ancien CPL) qui a souligné la nécessité de lancer les réformes afin de mettre fin à la corruption. “Il faut accorder des prérogatives exceptionnelles au gouvernement pour lui permettre de procéder aux réformes financières nécessaires à la relance économique du pays”, a signalé, de son côté, le député de Zahlé, Michel Daher.

Pour sa part, le député de Baalbeck, Jamil Sayyed a dénoncé l’absence de stratégie claire dans la déclaration ministérielle pour la mise en œuvre des réformes.

Législatives de 2026

La majorité des députés qui ont pris la parole mardi ont souligné la nécessité de procéder aux élections législatives dans les délais prévus à cet effet, c’est-à-dire en mai 2026. Considérant toutefois que la loi électorale actuelle est entachée de vices, M. Abou el-Hosn s’est dit favorable à un nouveau texte qui “brise les restrictions confessionnelles”. Des propos qu’a confirmé M. Bou Saab qui a appelé à un amendement de la loi actuelle. De son côté, M. Raad a appelé à ne pas retarder les législatives, une échéance dont l’importance a été soulignée dans la déclaration ministérielle lu par le Premier ministre Salam. Issu de la contestation, le député Yassine Yassine a revendiqué "une loi électorale moderne” qui tienne compte du “rôle de la femme et de sa participation aux prises de décision politiques”.

Comme on pouvait s’y attendre, le Courant patriotique libre (CPL) qui ne dispose d’aucun ministre au sein du gouvernement a, lui, opté pour le non-octroi de la confiance au Cabinet.

Au terme de cette journée, les défis énormes auxquels le gouvernement doit faire face ont été mis en lumière. Ils consistent principalement, et comme l’ont relevé les différents députés, en un rétablissement de la stabilité politique, mais aussi en la gestion efficace des questions économiques, sociales et de la souveraineté nationale. Le président du Parlement, Nabih Berry, a suspendu la séance. Celle-ci reprendra demain, mercredi, à 11 heures.

 

 

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