
La neutralité du Liban: un principe qui indispose au plus haut point le Hezbollah. En effet il le prive d’un levier important et réduit sensiblement sa marge de manœuvre en tant qu’instrument de l’Iran dans la région et non pas seulement au Liban.
Porte-parole officieux de la formation pro-iranienne, le mufti jaafari, Ahmad Kabalan, est revenu à la charge sur ce point. Dans une déclaration, dimanche, il a repris la rhétorique du Hezb, avançant qu’une neutralité ne peut pas être appliquée lorsque “les intérêts nationaux” sont en jeu. Il n’a évidemment pas précisé lesquels. Pour défendre son idée, il a estimé que “le monde est une jungle où la force et la brutalité l’emportent sur les droits fondamentaux et communautaires”, ce qui rend indispensable, selon lui, la mise en place de “politiques nationales qui préservent le Liban, entouré de griffes extérieures”. “Il est donc essentiel de prendre parti pour le Liban, car il n'y a pas de place pour la neutralité lorsqu'il s'agit des intérêts nationaux. C'est une réalité internationale et régionale, et nous ne sommes pas sur Mars”, a indiqué le mufti qui a critiqué indirectement les positions du président Joseph Aoun et du gouvernement. “Les positions annoncées pour relancer le pays sont importantes, mais elles ne suffisent pas pour obtenir un véritable redressement national. L'histoire du Liban est complexe”, a-t-il dit.
Le mufti répondait également, une fois de plus au patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, qui a encore une fois plaidé, dans son homélie dominicale, pour la neutralité du Liban.
Mgr Raï s’est réjoui de ce que le gouvernement a obtenu, mercredi, la confiance du Parlement, estimant que le président Joseph Aoun et l’équipe ministérielle de Nawaf Salam “se trouvent désormais face à l'obligation de faire fructifier cette confiance par des réformes, la reconstruction, la relance économique, la dynamisation des institutions publiques et la réalisation d’une réconciliation nationale fondée sur l'appartenance à une seule nation, le Liban”. “Ensuite, il faut avancer sur la voie d’une application de la neutralité positive du pays. Il convient de souligner que la neutralité ne signifie pas une démission de la Ligue arabe, de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ou des Nations unies. Elle implique, au contraire, une dynamisation du rôle du Liban au sein de ces institutions et à d’autres niveaux, pour qu’il soit un partenaire dans la quête de solutions, au lieu de rester une victime des divergences et des conflits”, a poursuivi le patriarche.
Rappelons que la neutralité positive du Liban a été évoquée par le président Aoun dans son discours d’investiture ainsi que par le Premier ministre, Nawaf Salam, lorsqu’il a présenté la déclaration ministérielle au Parlement, mardi.
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