Droits de douanes punitifs: quand la Chine répond à Trump
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La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est désormais une réalité. Depuis le 4 mars, des droits de douane supplémentaires de 10%, imposés par Washington, sont entrés en vigueur. Une décision qui a immédiatement suscité la colère de Pékin. Ce nouvel épisode marque l’ouverture d’un chapitre encore plus tendu dans les relations commerciales entre les deux géants mondiaux.

Dès son arrivée à la Maison Blanche, le président américain, Donald Trump, a annoncé un tarif supplémentaire de 10% sur les produits chinois, portant à 20% les taxes douanières imposées aux importations chinoises.

Donald Trump reproche à Pékin de ne pas avoir bataillé suffisamment pour “combattre le flux de fentanyl (un puissant opioïde) vers les États-Unis”, a indiqué la Maison Blanche sur X.

La décision américaine a déclenché les foudres du gouvernement chinois qui a réagi en imposant des taxes supplémentaires de 10% sur le soja et le porc, et de 15% sur le poulet, le blé, le maïs et le coton américains.

Les premières victimes de ces nouvelles mesures sont les fermiers américains qui exportent vers la Chine, deuxième importatrice mondiale de soja du pays de l’oncle Sam.

En 2024, les exportations de soja vers la Chine ont culminé à 11 milliards de dollars. Il faut dire que la guerre commerciale lancée par Trump a gravement perturbé les marchés agricoles mondiaux, entraînant une chute des cours: le maïs a perdu plus de 11%, le blé 12% et le soja plus de 5%, tombant sous la barre symbolique des 10 dollars.

Les droits de douane chinois de rétorsion ne touchent pas tous les produits importés des États-Unis. Seul, l'équivalent d'environ 14 milliards de dollars de produits américains seront taxés. En 2023, cela représentait moins de 10% des biens importés des États-Unis. Pourquoi? La Chine exporte trois fois plus de biens vers les États-Unis qu’elle n’en importe, ce qui limite sa capacité à taxer davantage de produits.

Cette stratégie lui permet de marquer un point sans risquer de nouvelles représailles. Pékin fait ainsi preuve de prudence, consciente de sa dépendance envers les États-Unis pour maintenir son économie à flot.

En 2024, les exportations chinoises vers les États-Unis ont atteint la modique somme de 525 milliards de dollars.

Le régime de Xi Jinping est ainsi totalement lucide quant aux conséquences que pourrait entraîner une aggravation des tensions commerciales avec les États-Unis.

Mercredi matin, lors d'une session devant 3.000 délégués réunis au Palais du peuple, à Pékin, le Premier ministre chinois, Li Qiang, a annoncé que, pour la troisième année consécutive, l’objectif de croissance resterait fixé à 5%. Un chiffre jugé “ambitieux”, mais qui veut montrer que l’économie chinoise peut rester stable malgré les prévisions de baisse des exportations en raison de l'intensification des tensions commerciales. Afin de soutenir cette croissance, le gouvernement chinois a décidé d'augmenter son déficit à 4% du PIB, c’est-à-dire que la Chine est prête à élever son emprunt public pour financer une relance économique.

Les économistes jugent que la Chine est aujourd’hui mieux préparée à une guerre commerciale avec les États-Unis qu’elle ne l’était en 2017, lors du premier mandat de Donald Trump.

En 2024, l’économie chinoise a enregistré une croissance de 5%, soutenue par de vastes programmes de relance visant à stimuler la consommation des ménages et à stabiliser un marché immobilier en difficulté.

Dans son discours, Li Qiang a également annoncé un objectif de chômage urbain limité à 5,5% et la création de 12 millions de nouveaux emplois en milieu urbain. Enfin, un autre chiffre très attendu: le budget militaire chinois, qui a été augmenté de 7,2%, portant son montant à 245 milliards de dollars.

Pékin a aussi clairement exprimé son intention de promouvoir des accords commerciaux multilatéraux, excluant les États-Unis. Cette approche s’inscrit dans une stratégie globale visant à renforcer la place de la Chine dans le commerce mondial tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis du marché américain. L'initiative “Belt and Road” (les nouvelles routes de la soie), que la Chine poursuit avec une détermination sans relâche depuis 2013, en fait partie.

Ce qui est certain, c’est que les nouvelles tensions commerciales auront des conséquences graves pour les deux grandes économies mondiales et vont sans doute perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales.

 

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