Trump se sert d'une ancienne loi de guerre pour expulser plus de 200 gangsters vénézuéliens
©HANDOUT/EL SALVADOR'S PRESIDENCY PRESS OFFICE/AFP

Le président américain Donald Trump a invoqué une législation de temps de guerre pour expulser plus de 200 membres présumés du gang vénézuélien Tren de Aragua vers le Salvador, dont l'incarcération dans une prison de haute sécurité a été annoncée dimanche par le président Nayib Bukele.

Saisi par des défenseurs des droits humains contre cette loi de 1798, utilisée pour la dernière fois pendant la Seconde Guerre mondiale pour interner des Japonais, un juge fédéral américain avait ordonné samedi une suspension de 14 jours de toute expulsion.

La Maison Blanche a assuré dimanche que les trois avions transportant les membres du gang, classé "organisation terroriste" par Washington, avaient déjà décollé quand la décision de justice a été rendue.

"Le gouvernement n'a pas +refusé de respecter+ une décision de justice. Cette décision, qui n'a pas de fondement légal, a été rendue après que les terroristes étrangers du TdA ont été éloignés du territoire", a réagi la Maison Blanche dans un communiqué.

"Un seul juge dans une seule ville ne peut pas décider de la trajectoire d'un avion plein de terroristes étrangers qui ont été physiquement renvoyés du territoire américains", a-t-elle ajouté.

"Oups... trop tard", a posté dimanche sur X le président salvadorien, Nayib Bukele, en réponse à un article sur la décision de justice, avec un émoji qui pleure de rire.

Pour des groupes de défense des droits civils, si l'invocation par M. Trump de la Loi sur les étrangers et la sédition de 1798 était confirmée par les tribunaux, elle pourrait permettre l'expulsion d'un très grand nombre de migrants adultes sans justification, ni audience.

M. Bukele a annoncé sur X l'arrivée au Salvador d'un "premier groupe de 238 membres de l'organisation criminelle vénézuélienne Tren de Aragua" et de leur transfert au Centre de détention pour terroristes (Cecot), prison de haute sécurité inaugurée fin janvier 2023 dans le cadre de sa "guerre" contre les groupes criminels.

Dans des vidéos diffusées par le gouvernement salvadorien, des militaires à l'aéroport font descendre les prisonniers des avions et les font monter, enchaînés, dans des bus.

"Merci au Salvador et en particulier au président Bukele pour votre compréhension de cette situation horrible", a réagi le président américain sur son réseau Truth Social.

Donald Trump a signé l'arrêté d'expulsion vendredi, mais il n'a été rendu public que samedi.

Cette loi, qui permet au président américain en temps de guerre d'arrêter ou expulser des citoyens d'une nation ennemie, n'avait été utilisée qu'à trois reprises: pendant la guerre anglo-américaine de 1812 pour expulser des ressortissants britanniques; la Première Guerre mondiale contre des ressortissants de pays ennemis et la Seconde Guerre mondiale pour interner plus de 100.000 citoyens japonais et Américains d'origine japonaise.

Dans son ordre d'expulsion, Donald Trump affirme que Tren de Aragua "menait une guerre irrégulière contre le territoire des États-Unis, à la fois directement et sous la direction, clandestine ou non, du régime de Maduro".

Cette décision rend tous les membres du gang Tren de Aragua "passibles d'une interpellation, détention et expulsion immédiates".

En réaction, Caracas a dénoncé une décision du gouvernement américain qui "criminalise de façon infâme et injuste la migration vénézuélienne".

L'organisation de défense des droits humains ACLU, ainsi que Democracy Forward, avaient demandé à un tribunal de district de Washington d'interdire les expulsions, en faisant valoir que la loi de 1798 n'était pas destinée à être utilisée en temps de paix.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a précisé dimanche qu'en plus des prisonniers du Tren de Aragua, les États-Unis avaient renvoyé au Salvador 23 membres du gang salvadorien MS-13 pour qu'ils répondent à la justice.

Tren de Aragua s'est formé en 2014 dans la prison vénézuélienne de Tocorón, dans l'Etat d'Aragua (centre nord). Il est impliqué dans des meurtres, des enlèvements, des vols, du trafic de drogue, de la prostitution, des extorsions et la traite d'êtres humains.

Ses activités se sont étendues à plusieurs pays du continent américain, dont les États-Unis, la Colombie, le Chili et le Pérou, selon divers rapports des services de renseignement.

Trois pays d'Amérique centrale - le Guatemala, le Panama et le Costa Rica - ont accepté d'accueillir des migrants expulsés par Washington, mais le Salvador est le seul à accepter les détenus.

Pour Democracy Forward, samedi a été un "jour horrible dans l'histoire de la nation, lorsque le président a rendu public le fait qu'il cherchait à invoquer des pouvoirs extraordinaires en temps de guerre en l'absence de guerre ou d'invasion".

Avec AFP

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