
À chaque formation d'un nouveau gouvernement, la question du réajustement des salaires est systématiquement remise à l'ordre du jour.
Dans l'une de ses premières déclarations à la presse, le nouveau ministre du Travail, Mohammad Haïdar, a affirmé que l'augmentation du salaire minimum figure parmi ses priorités. Il a précisé que ce sujet serait discuté avec le ministre des Finances, Yassine Jaber, sans toutefois avancer de chiffre précis.
Récemment, certaines voix ont réclamé un salaire minimum de 1.000 dollars, soit cinq fois le montant actuel de 200 dollars, tandis que d'autres, plus réalistes, ont proposé un Smic à 50 millions de livres.
Ces revendications reposent sur l'érosion du pouvoir d'achat, liée à une augmentation globale des prix à la consommation d'environ 20% entre mars 2024 et mars 2025. Cette hausse résulte de l'augmentation des impôts et des taxes, de la hausse des coûts des assurances et des transports en raison de la guerre, ainsi que de l'inflation importée pour certains produits.
Selon le dernier rapport de la Direction centrale des statistiques, les services éducatifs ont connu une augmentation de 30% au cours des deux premiers mois de 2025, tandis que les produits alimentaires de première nécessité ont enregistré une hausse de 13%. Au Liban, selon les concepts de salaire vital, il est estimé que pour qu'une famille puisse subvenir à ses besoins essentiels, deux de ses membres doivent percevoir chacun le salaire minimum.
Un quotidien de plus en plus difficile
Le quotidien des salariés devient de plus en plus difficile, car la qualité des services fournis par l'État continue de se détériorer. Cette situation oblige les citoyens à recourir à des fournisseurs alternatifs, les contraignant ainsi à payer deux fois pour le même service.
Par exemple, l'abonnement à l'Office des eaux est passé de 13.200.000 livres en 2024 à 16.200.000 livres en 2025. Cependant, l'eau du robinet n'étant pas potable, les familles sont contraintes d'acheter de l'eau minérale en bouteille et de recourir à l'approvisionnement par camions-citernes pour remplir les réservoirs de leurs habitations. Cette situation résulte des fréquentes coupures et des fluctuations de la pression du réseau public. Il est important de noter que le coût de 1.000 litres d'eau pour un usage domestique est facturé entre 15$ et 20$, selon les régions.
Ces frais supplémentaires pèsent lourdement sur le budget familial, rendant l'équilibre entre les dépenses et les revenus de plus en plus précaire, d'autant plus que les salaires demeurent figés.
Une augmentation risquée
La décision d'indexer globalement l'augmentation du coût de la vie sur les salaires est actuellement risquée, car ces derniers dépendent de la capacité financière des entreprises du secteur privé et de l'État, deux entités actuellement incapables d'assumer de telles charges. Une hausse du salaire minimum pourrait entraîner des licenciements massifs dans le secteur privé ou pousser les employés vers le marché noir. Pour les fonctionnaires, une reprise de l'émission monétaire par la Banque du Liban conduirait inévitablement à une perte de contrôle de la masse monétaire en circulation, provoquant une nouvelle dépréciation de la livre face au dollar.
La difficulté pour les entreprises privées d’assumer une augmentation globale des salaires est démontrée par une baisse de plus de 67% du PIB, qui est passé de 54,9 milliards de dollars en 2018 à 17,94 milliards de dollars en 2023, selon les chiffres de la Banque mondiale. Cette chute a entraîné une diminution du PIB par habitant, passant de 700 dollars par mois en 2018 à environ 475 dollars actuellement. Généralement, une croissance du PIB est perçue comme un signe de bonne santé économique, tandis qu'une diminution peut indiquer une récession.
Dans cette conjoncture, il est demandé aux salariés de se serrer davantage la ceinture et aux employeurs de réduire leurs dépenses opérationnelles.
Commentaires