
Les vacances de la fête du Fitr, habituellement synonymes de retrouvailles familiales et de forte affluence touristique au Liban, ont été assombries par les récents bombardements israéliens sur la banlieue sud de Beyrouth. Bien que les zones touristiques n'aient pas été directement impactées, ces attaques ont engendré un climat d'incertitude qui a terni l'atmosphère festive et freiné la reprise tant espérée par l'industrie touristique.
Malgré l'impact psychologique des frappes israéliennes, le président du Syndicat des maisons d’hôtes, Ramzi Salman, a assuré mardi à Ici Beyrouth que le week-end de la fête du Fitr avait connu un important afflux de visiteurs. Selon lui, les maisons d’hôtes ont enregistré une activité relativement bonne, soulignant une certaine résilience du secteur face à la crise actuelle.
Cependant, de son côté, Jean-Claude Hawat, président du Syndicat des guides touristiques, a noté que certains touristes, en particulier en provenance d’Europe et du monde arabe, avaient reporté leurs vols vers le Liban à la suite des frappes israéliennes de vendredi dernier. Pour rappel, vendredi, au début du week-end de la fête, Israël a mené une frappe aérienne sur un immeuble à Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth, avant de réitérer dans la nuit de lundi à mardi à Haret Hreik.
Bien que ces incidents n'aient pas directement perturbé les festivités de la fête du Fitr, ils ont ajouté une nouvelle couche d'incertitude sur la situation sécuritaire du pays, particulièrement pour les touristes potentiels.
Du côté des réservations, Jean Abboud, président de l'Association des agents de voyages et de tourisme au Liban (ATTAL), a assuré qu'aucun changement significatif n'avait été observé dans les réservations. À noter que les compagnies aériennes ont maintenu leurs vols vers l’AIB, Fly Emirates ajoutant même un vol quotidien supplémentaire entre Dubaï et Beyrouth à partir de mardi.
Cependant, l'impact de la guerre sur le secteur hôtelier demeure préoccupant. Le président de la Fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, a souligné à Ici Beyrouth que l’industrie hôtelière est durement frappée, même si les taux d’occupation pour la fête du Fitr a atteint 80% pour certains hôtels et 60% pour d’autres situés à Beyrouth. Toutefois, ceux en dehors de la capitale sont restés quasiment vides.
M. Achkar a aussi expliqué que pour couvrir les frais de fonctionnement, un hôtel doit atteindre un taux d’occupation de 30 à 50% tout au long de l’année. Or ce n’est pas le cas et la situation financière des établissements est extrêmement précaire. M. Achkar a enfin déploré l’embargo touristique qui pèse sur le Liban et a insisté sur la nécessité, pour le gouvernement libanais, d'appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, tout en levant les restrictions imposées au secteur touristique, tant au niveau régional qu'international.
Le secteur de la restauration n’est pas en reste. Selon Khaled Nazha, vice-président du Sndicat des restaurateurs, les bombardements sur la banlieue sud de Beyrouth ont eu un impact négatif sur l’activité des restaurants. Toutefois, il reste optimiste, espérant que les fêtes de Pâques et la saison estivale pourront offrir un rebond au secteur. La levée des sanctions qui empêchent les touristes arabes de venir au Liban pourrait jouer un rôle clé dans cette reprise. M. Nazha a estimé que les mois à venir verront une meilleure fréquentation.
Les vacances de la fête du Fitr ont offert un répit temporaire, mais la menace d'un retour à la guerre continue de peser sur l'avenir du tourisme libanais. Le pays, tout en étant un modèle de résilience, doit surmonter ces obstacles pour retrouver sa place sur la carte touristique internationale. Une réconciliation entre la stabilité sécuritaire et la relance économique est essentielle pour que le Liban puisse un jour respirer librement, sans être constamment rattrapé par le spectre des conflits.
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