L’économie iranienne à bout de souffle?
Un cessez-le-feu... mais pas pour l’économie iranienne. ©AFP

La guerre est finie en Iran, les missiles se sont tus, mais un autre champ de bataille reste actif: celui de l’économie. Sous sanctions depuis des décennies, frappé par une inflation galopante et une devise en chute libre, Téhéran continue de faire preuve d’une surprenante résilience. Mais jusqu’à quand?

Si le front militaire s’est tu en Iran, celui de l’économie reste en état d’alerte maximale. Depuis des décennies, la République islamique est soumise à une avalanche de sanctions, renforcées depuis 2018 après le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire. Résultat: une monnaie en chute libre – il faut aujourd’hui plus de 42.000 rials pour un dollar –, une inflation galopante estimée à 43% par le Fonds monétaire international (FMI) et une paupérisation croissante. Entre un tiers et la moitié des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté, selon des sources combinées.

Une économie entre ombre et lumière

Malgré ce cocktail toxique, l’économie iranienne ne s’est pas effondrée, du moins pas complètement. À défaut d’accès au système bancaire international ou aux marchés officiels, Téhéran a développé une économie parallèle digne d’un thriller géopolitique. Entre des “teapots”, ces raffineries clandestines chinoises sur son sol, une flotte fantôme de 400 pétroliers naviguant sous pavillons voilés, et des échanges informels avec la Chine, la Russie, ou l’Inde, Téhéran a su éviter l’asphyxie. Aujourd’hui, cette économie informelle représenterait jusqu’à 40% du PIB, selon des sources combinées, et les Gardiens de la révolution tiennent le haut du pavé dans les secteurs stratégiques.

Mais cette résilience a ses limites. La guerre-éclair de douze jours avec Israël a visé là où ça fait mal: les infrastructures énergétiques. Raffineries, oléoducs, terminaux d’exportation, le cœur économique du pays a tremblé. Parce que si l’Iran détient les troisièmes plus grandes réserves de pétrole au monde, il dépend presque entièrement de cette manne pour faire tourner son économie. Et paradoxalement, ce qui lui permet de résister, c’est un État centralisé, militarisé, et opaque mais aussi qui étouffe l’innovation, l’initiative privée et la croissance.

Un équilibre fragile

Le FMI ne voit qu’un curseur de croissance pour 2025: +0,3%, bien loin des projections optimistes. Comme l’a récemment résumé Kamal Kharazi, ancien conseiller du guide suprême, Ali Khameni, «l’Iran n’est pas en faillite, il vit en mode survie». Et cette survie repose sur des fils de plus en plus fragiles. Si le pétrole est l’oxygène de l’économie iranienne, alors chaque missile tiré ou cargaison de fuel retardée menace d’asphyxier tout un système.

L’Iran résiste, certes, mais à quel prix? Celui d’un peuple étranglé par la cherté de la vie, le chômage, les coupures d’électricité, et d’un régime qui confond résilience avec obstination.

Le cessez-le-feu a peut-être apaisé les armes, mais il n’a en rien amélioré le combat quotidien pour remplir le frigo. Entre slogans patriotiques et soupirs de misère, le vrai front reste celui de la survie économique et, jusqu’à présent, c’est le peuple iranien qui en paie le prix, très cher.

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