
La menace d’un embrasement au Moyen-Orient s’éloigne, et avec elle, la pression sur les marchés de l’or noir. Après une attaque limitée de l’Iran contre une base américaine au Qatar et l’annonce surprise d’un cessez-le-feu entre Téhéran et Tel Aviv, facilité par Donald Trump, les prix du pétrole ont fortement chuté.
Fini les sueurs froides, place au pétrole qui refroidit: pourquoi les prix du baril plongent après la détente entre l’Iran et Israël? Parfois, une bombe peut faire grimper les prix… sauf quand elle n’explose pas autant que prévu.
C’est exactement ce qui s’est passé sur les marchés pétroliers après l’attaque «mesurée» de l’Iran contre une base américaine au Qatar, suivie de l’annonce surprise d’un cessez-le-feu entre Téhéran et Tel Aviv, facilité par Donald Trump. Résultat: Le prix du baril a plongé de plus de 5 =% en une matinée, tombant à 67,89 dollars pour le Brent (-5,02%) et 64,94 dollars pour le WTI (-5,21%).
Mardi après-midi, la baisse s’est encore accentuée: vers 15h40 GMT, le Brent reculait de 4,79% à 68,05 dollars, et le WTI de 4,71% à 65,28 dollars. Ce mouvement s’est accéléré après que le président américain a indiqué que la Chine pouvait désormais «continuer à acheter du pétrole à l’Iran», marquant un assouplissement de la politique américaine.
Déjà lundi, le marché s’était détendu: malgré les menaces initiales, l’Iran n’a pas bloqué le détroit d’Ormuz, par où transite 20% de la production pétrolière mondiale. Une attaque prudente, presque symbolique, a suffi à rassurer les investisseurs.
Pourquoi les prix baissent-ils?
Il s’agit d’une guerre… sans guerre. Téhéran a visé une base américaine, mais sans causer de dégâts majeurs. Les pipelines fonctionnent, les tankers naviguent librement et Ormuz reste ouvert. Les pires scénarios redoutés par les marchés ne se sont pas produits. Ainsi, la «prime de guerre», ce supplément lié à l’angoisse géopolitique, s’est évaporée.
Par ailleurs, entre les stocks élevés, la surproduction américaine de pétrole de schiste, et les réserves de l’Opep+, l’offre mondiale reste surabondante, même en période de tensions. La demande, quant à elle, demeure timide, freinée par les incertitudes économiques mondiales, les guerres commerciales et des taux d’intérêt élevés. Bref, même sans guerre, le combat pour le baril est calme.
Les bourses en fête
Cette détente géopolitique a entraîné un fort rebond des marchés actions. En Europe, Paris gagne 1,04%, Francfort 1,60% et Milan 1,63%, tandis que Londres reste stable (+0,01%). À Wall Street, vers 15h40 GMT, le Dow Jones progresse de 0,99%, le Nasdaq de 1,40% et le S&P 500 de 0,98%.
Toutefois, la chute des prix du pétrole a pesé sur les valeurs du secteur énergétique: TotalEnergies perd 3,28% à Paris, BP recule de 4,75% à Londres, Shell de 3,61%, Eni de 2,54% à Milan, ExxonMobil baisse de 1,92% et Chevron de 1,40% à Wall Street. Le gaz naturel européen a, lui aussi, plongé de 12,56% à 35,43 euros/MWh.
Et l’or dans tout ça?
L’or, habituellement valeur refuge en période de tensions, a perdu de son éclat: -1,55% à 3.316 dollars l’once. Pourquoi? Tout simplement parce que le risque perçu diminue. Moins de panique, c’est moins de ruée vers le métal jaune. Même le dollar a vacillé, lâchant du terrain face à l’euro et au yen. Il a atteint son plus bas niveau depuis octobre 2021 face à l’euro, perdant 0,35% à 1,1623 dollars pour 1 euro. Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a laissé entendre qu’une réduction des taux pourrait intervenir dès juillet, bien qu’il ait aussi évoqué la possibilité de patienter. Cette incertitude nourrit les espoirs d’un assouplissement prochain de la politique monétaire américaine.
La chute des cours du pétrole n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de plusieurs facteurs: une attaque contenue, un cessez-le-feu inattendu, une offre trop généreuse et une demande toujours en mode sieste.
En bref, le baril a perdu son stress, et ça fait plaisir aux bourses… mais certainement moins aux producteurs.
Commentaires