Quand Trump donne à Netanyahou une dose du traitement Zelensky
Donald Trump et Benjamin Netanyahou à Washington. ©Brendan Smialowsky/AFP

La récente visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Washington, initialement envisagée comme un sommet diplomatique renforçant les liens avec les États-Unis, s'est finalement transformée en une série de déconvenues pour ce dernier.

Selon plusieurs observateurs, dont le média israélien Haaretz, Netanyahou espérait obtenir un soutien inébranlable de la part du président américain Donald Trump pour adopter une ligne dure contre l'Iran et obtenir des exemptions tarifaires pour Israël. Mais la réalité s'est avérée bien différente: Donald Trump privilégie désormais les négociations avec Téhéran et demeure inflexible sur les questions économiques.​

Un accueil en “demi-Zelensky”

Comme le souligne Haaretz, bien que Netanyahou n'ait pas subi l'humiliation publique infligée précédemment au président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une visite à la Maison Blanche, le message implicite restait le même: dans l'administration Trump, le président dicte les règles, reléguant ses invités à des rôles secondaires.​

Lors de leur précédente rencontre en février, Donald Trump avait pourtant multiplié les gestes amicaux envers Netanyahou, évoquant même un projet ambitieux de transformation de Gaza en une "Riviera immobilière". Cette fois-ci, l'enthousiasme s'est estompé. Accaparé par sa guerre commerciale et ses négociations internationales, le président américain n'a accordé aucune concession notable à son allié israélien.​

L’échec sur les tarifs douaniers et le revirement sur l’Iran

Netanyahou espérait obtenir une exemption, ou à défaut une réduction, des nouveaux tarifs douaniers américains de 17% frappant les exportations israéliennes, annoncés une semaine auparavant. Ses efforts ont été vains. Pire encore, Donald Trump a rappelé sans ménagement les 3,8 milliards de dollars d’aide militaire annuelle versés à Israël.​ “N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël”, a déclaré Donald Trump dans le bureau ovale, tandis que Netanyahou écoutait à ses côtés les critiques implicites. “Nous donnons à Israël 4 milliards de dollars par an, c'est beaucoup.”

La déception la plus amère concerne toutefois le dossier iranien. Alors que le Premier ministre israélien plaide depuis des mois pour une pression militaire accrue afin de contraindre Téhéran, Donald Trump a annoncé le lancement de négociations nucléaires avec l'Iran, forçant Netanyahou à acquiescer en silence. Une véritable humiliation stratégique pour celui qui avait applaudi la sortie de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien de 2018.​

Haaretz compare ce revirement à la “politique nord-coréenne” de Trump: après des menaces de frappes, le président avait finalement échangé des déclarations d’amitié avec Kim Jong-un, enterrant de facto le dossier nucléaire. Un scénario qui pourrait se répéter avec l’Iran, au grand dam de Netanyahou.​

D’autres chats à fouetter

Cette visite a confirmé que Netanyahou n'est plus au centre des priorités de Donald Trump. Les véritables enjeux pour Washington sont désormais un mégacontrat avec l’Arabie saoudite, pouvant inclure une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite, la fin de la guerre à Gaza, où Trump a évoqué la “détresse des otages”, et un rapprochement avec la Turquie, malgré les tensions persistantes avec Israël.​

De retour en Israël, Netanyahou doit également faire face à une crise politique interne. Les attaques contre le système judiciaire israélien et la tentative controversée de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar (accusé d’enquêter sur des proches du Premier ministre), révèlent une stratégie de diversion visant à détourner l'attention de ses échecs diplomatiques et sécuritaires.​

Un allié en perte d’influence?

Cette visite met en lumière le fossé grandissant entre les attentes israéliennes et la politique américaine. Donald Trump privilégie les grands accords économiques et les négociations spectaculaires, reléguant Benjamin Netanyahou au second plan.

Pour le Premier ministre israélien, il s'agit d'un revers stratégique majeur. Non seulement il n'a pas obtenu les concessions espérées, mais il a également dû assister, impuissant, à l'annonce d'une politique iranienne contraire à ses intérêts.

Reste à savoir si Donald Trump reviendra à une ligne plus dure, ou si Benjamin Netanyahou devra se résigner à jouer un rôle secondaire sur la scène internationale.

 

 

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