
Donald Trump, le roi du retournement de situation, a encore frappé. Cette fois-ci, c’est une pause surprise de la mise en vigueur des droits de douane, annoncée avec fracas quelques heures auparavant. Après 15 heures d'instabilité boursière, Trump a mis un frein à ses taxes douanières. Mais attention, la Chine, elle, reste dans la ligne de mire du président américain avec des droits de douane révisés à la hausse. Pourquoi ce rétropédalage aussi rapide? Petit décryptage de cette «pause sur des taxes qui n’auront duré que l’espace d’un battement de cils.
Mercredi matin, les marchés financiers mondiaux étaient en mode panique. Le président américain, Donald Trump, avait mis en place des droits de douane réciproques, affectant une multitude de pays et menaçant de plonger l’économie mondiale dans un tourbillon d’incertitudes. Les bourses dégringolaient, l’Europe tremblait et même Wall Street semblait pris de vertige.
Mais à peine a-t-on eu le temps de digérer cette nouvelle que, 15 heures plus tard, Trump annonçait une suspension de ces taxes douanières pour 90 jours. L’idée? Offrir une «pause» aux relations commerciales mondiales, tout en continuant de taper sévèrement sur la Chine avec des droits de douane revus à 125%. Oui, la Chine est toujours dans le collimateur. Mais bon, au moins, la décision présidentielle a permis de calmer les marchés… du moins pour un moment.
Quand Wall Street se fâche, Trump réagit… et les indices s’envolent
Ce changement d’avis ultrarapide a sans doute été provoqué par un facteur incontournable: les marchés. Trump l’a même admis sur son réseau Truth Social, soulignant qu’il avait observé le marché obligataire et que les investisseurs commençaient à flipper. À noter que le marché obligataire est essentiellement l'endroit où les États empruntent de l'argent, notamment en émettant des bons du Trésor.
Les obligations d’État, considérées comme des valeurs sûres, avaient vu leurs taux bondir, un signal inquiétant indiquant que les États-Unis risquaient de perdre leur statut de «safe haven» (refuge sûr) – terme désignant un investissement qui est perçu comme relativement sûr en période d'incertitude ou de volatilité des marchés financiers – pour les investisseurs. Autrement dit, si les bons du Trésor américains ne sont plus perçus comme aussi sûrs qu’avant, cela signifie que les États-Unis pourraient se retrouver avec un coût d’emprunt plus élevé. Et, vu l’ampleur de la dette fédérale (36.000 milliards de dollars), cela aurait eu des répercussions bien plus importantes que prévu.
Mais au-delà des retournements de situation spectaculaires, il faut reconnaître qu’il y a une logique derrière la décision de Trump. Celui-ci a en effet bien compris qu’un marché obligataire nerveux pouvait déstabiliser toute l’économie américaine. Si les investisseurs perdent confiance dans la solvabilité des États-Unis, cela pourrait se traduire par une hausse des taux d’intérêt, une catastrophe pour une économie déjà fragilisée par une dette abyssale. À long terme, cela pourrait freiner la croissance économique des États-Unis. En effet, au-delà de l'impact sur la dette, cela affecterait également d'autres secteurs clés de l'économie, comme l'immobilier.
Ainsi, Trump, dans une tentative de préserver la stabilité financière du pays, a décidé de «faire preuve de souplesse». Ou plutôt, de montrer qu’il sait aussi revenir sur ses décisions quand la situation l’exige. Après tout, à quoi bon se battre pour une guerre commerciale mondiale si l’économie domestique part en vrille?
La Chine paie le prix fort
Malgré cette pause dans les taxes réciproques, Trump n’a pas laissé la Chine s'en sortir indemne. Les produits chinois, eux, subissent désormais un tarif douanier de 125%, dans un ultime coup de force destiné à accentuer la guerre commerciale déjà bien entamée entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales. «Du fait du manque de respect de la Chine à l'égard des marchés mondiaux (...), j'augmente les droits de douane sur Pékin à 125%», a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Il faut dire que la Chine n’a pas manqué de répondre par une surtaxe de 84% sur les importations en provenance des États-Unis, et ce, de façon quasi immédiate. La guerre commerciale semble donc loin d’être terminée. Mais Trump, lui, semble plus concerné par l'effet immédiat. Grâce à son annonce, la bourse de New York a repris des couleurs et les indices boursiers américains ont connu une hausse spectaculaire de 9,5% pour le S&P 500 (l'indice des 500 plus grandes entreprises américaines) et de 12% pour le Nasdaq. Quant au pétrole, qui se morfondait par crainte de récession, il a vu son cours repartir à la hausse. Bref, tout le monde a respiré un grand coup.
Bien sûr, la guerre commerciale n’est pas terminée — loin de là — mais ce virage éclair prouve au moins une chose: même quand il joue les durs, Donald Trump garde un œil attentif sur les signaux des marchés. Et dans un monde où Wall Street fait la pluie et le beau temps, il vaut mieux savoir manier la flexibilité… tout en gardant sa cravate rouge bien en place. Quant à la Chine? C’est une autre histoire. Le président américain reste intraitable. Flexibilité, oui — mais pas avec Pékin.
Commentaires