Pâques au Liban: entre œufs en chocolat, valises pleines et hôtels… en pause
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Le Liban s’apprête à vivre un week-end de Pâques haut en couleurs, en retrouvailles et, espérons-le, en calme. Entre le retour annoncé de nombreux expatriés et l'arrivée timide de quelques touristes, l’ambiance promet d’être animée dans les rues, les restos… mais peut-être un peu moins dans les hôtels.

Les agences de voyages annoncent la couleur: les vols à destination de Beyrouth sont pleins à craquer. Il faut dire que la plupart des compagnies aériennes ont repris leurs vols vers la capitale libanaise.

Mais si les avions se succèdent sur le tarmac, le tableau est moins joyeux du côté des hôtels, surtout en dehors de Beyrouth. Pierre Achkar, président de la Fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, a confié à Ici Beyrouth que les taux d’occupation pour Pâques à Beyrouth oscillent entre 20% et 40%, bien en deçà de ceux enregistrés pendant la fête du Fitr. Et en dehors de Beyrouth? «C’est la misère», lâche-t-il, un brin désabusé.

Pourquoi ce calme relatif? M. Achkar l’explique par l’absence de congés dans les pays arabes et la brièveté des vacances de Pâques en Europe, où seul le lundi est férié. Autrement dit, nos chers expatriés n’ont pas le luxe de prendre maillots et shorts, puis direction Liban, pour trois petits jours. D’autant plus que la majorité des expatriés ont des logements au Liban, inutile donc de chercher désespérément une chambre d’hôtel pour eux: ils préfèrent retrouver leurs balcons, leurs chats et… le générateur du quartier.

Sur le plan économique, l’inquiétude est palpable. M. Achkar rappelle qu’un hôtel a besoin d’un taux d’occupation annuel de 30 à 50% pour survivre. Actuellement, on est loin du compte. Il appelle à lever l’embargo touristique pesant sur le Liban, à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU et à relancer une industrie touristique qui fait vivre des milliers de familles.

Mais tout n’est pas morose. Du côté des maisons d’hôtes, le moral est bien meilleur. Ramzi Salman, président du syndicat du secteur, affirme à Ici Beyrouth que le dimanche des Rameaux a été bon dans les restaurants des maisons d’hôtes, malgré une météo maussade, et que le week-end de Pâques s’annonce excellent, avec un taux de réservation flirtant avec les 100% et moins pour les réservations de chambres. Une preuve que l’hospitalité libanaise, surtout dans les villages, continue de séduire ceux qui cherchent un peu d’authenticité... et une «bonne bouffe».

Dans les restaurants, même son de cloche (ou de clochettes de Pâques). Khaled Nazha, vice-président du syndicat des restaurateurs, confirme à Ici Beyrouth que les établissements ont fait le plein le dimanche des Rameaux, et espère que les expatriés continueront d’affluer, pourvu que les bombardements cessent – condition non négligeable pour profiter sereinement d’un déjeuner au soleil.

Il se veut tout de même optimiste: «Les Libanais aiment faire la fête. Mariages, concerts, soirées… Si la situation se stabilisais, on pourrait revoir tout cela fleurir comme un bouquet de printemps.»

Alors oui, les hôtels boudés, les restrictions, les tensions… tout cela pèse. Mais l’énergie libanaise, elle, ne faiblit pas. Le pays du Cèdre, malgré les secousses, réussit toujours à servir un café, une farandole de mezzés, et un grand sourire, avec ou sans courant.

Et si la paix s’invite à la table, ce week-end de Pâques pourrait bien être le début d’une vraie résurrection… même sans chasse aux œufs officielle.

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