
Le général Aoun exhorte les services à intensifier la lutte contre la corruption
Le président de la République, Joseph Aoun, a effectué, mardi matin, une visite au siège de la Direction générale de la Sûreté de l’État à Ramlet el-Bayda. Il y a rencontré le directeur général, le général de brigade Edgar Lawandos, ainsi que plusieurs officiers supérieurs.
Lors de son allocution, le chef de l’État a rappelé que la lutte contre la corruption demeure une priorité absolue: «Votre mission principale est de combattre la corruption, qui constitue la cause première de la crise économique et des souffrances du peuple libanais», a-t-il déclaré, avant de prévenir: «Les corrompus et ceux qui les couvrent ne bénéficieront plus d’aucune impunité. Personne ne sera protégé. Vous devez résister à toute forme de pression.»
À l’issue de cette visite, le président s’est rendu au ministère de la Défense où il s’est entretenu avec le ministre Michel Menassa, avant de rejoindre le siège du commandement de l’armée pour une réunion avec le général Rodolphe Haykal.
Il y a évoqué l’explosion survenue la veille, ayant coûté la vie au soldat Fadi el-Jassem et blessé trois autres militaires alors qu’ils procédaient au démantèlement de munitions dans la vallée de Aaziyé. «L’armée libanaise a payé le prix du sang pour défendre l’unité, la souveraineté et l’intégrité du territoire. Elle continuera de remplir son devoir malgré les difficultés», a souligné le président, appelant les militaires à rester unis face aux défis: «Les Libanais comptent énormément sur vous en cette période difficile.»
Le président Aoun a ensuite tenu une réunion élargie en présence du ministre Menassa, du commandant en chef de l’armée, des membres du Conseil militaire, ainsi que du chef du service des renseignements militaires, le général Tony Kahwaji.
Monopole des armes et sécurisation des frontières
Cette tournée s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par le président pour garantir la souveraineté de l’État.
À la veille de sa visite à Doha prévue aujourd’hui mardi, M. Aoun a annoncé que «le dialogue avec le Hezbollah se poursuit en vue de résoudre la question du monopole des armes par l’État». Dans un entretien accordé à la chaîne Al-Jazeera, il a précisé que «la décision de confier l’ensemble des armes à l’État libanais a été actée et que les discussions portent désormais sur la manière de la mettre en œuvre, sans recours à la force, mais par un dialogue réfléchi».
Il a, par ailleurs, abordé plusieurs dossiers stratégiques, notamment la situation sécuritaire, les réformes, la relation avec le Hezbollah et les pressions internationales.
Concernant le retrait israélien du Liban-Sud, M. Aoun a indiqué que des contacts diplomatiques sont en cours avec des puissances arabes et internationales, dont les États-Unis, la France, l’Union européenne. Ces démarches visent à faire pression sur Israël pour qu’il se conforme aux résolutions internationales et procède à la libération des prisonniers libanais.
Le chef de l’État a également salué le rôle de l’armée libanaise, soulignant ses efforts dans la sécurisation des régions au sud et au nord du Litani. Il a précisé que des tunnels et des dépôts d’armes ont été découverts, confisqués et démantelés, sans heurts avec le Hezbollah. «Cela montre un certain niveau de coopération, voire de flexibilité, de la part du parti», a-t-il noté.
Sur la question de la démarcation des frontières terrestres avec Israël, M. Aoun a déclaré que le Liban était favorable à la formation d’un comité semblable à celui mis en place pour les frontières maritimes. Il a exclu toute discussion sur une normalisation avec Israël, rappelant l’attachement du Liban à l’Initiative arabe de paix lancée à Beyrouth en 2002, et aux résolutions du sommet de Riyad.
Relations avec la Syrie
Abordant la situation en Syrie, le président libanais a plaidé pour une normalisation progressive des relations sur la base du respect mutuel. «La stabilité de la Syrie rejaillit sur le Liban. Nous devons reconstruire avec elle une relation équilibrée, fondée sur la souveraineté de chacun», a-t-il affirmé.
Il a, dans ce contexte, confirmé la reprise du dialogue avec les nouvelles autorités à Damas, saluant la réunion entre les ministres de la Défense des deux pays, organisée sous l’égide de l’Arabie saoudite, qui a permis de relancer la coordination sécuritaire, notamment dans la lutte contre la contrebande.
«Depuis cette rencontre, aucun incident majeur n’a été signalé sur nos frontières est et nord-est», s’est félicité le président. Et d’évoquer la nécessité d’établir des comités conjoints pour délimiter les frontières terrestres et maritimes.
Concernant les déplacés syriens au Liban, le président a exprimé son souhait de les voir retourner progressivement dans leur pays, estimant que les conditions sécuritaires le permettent. Il a toutefois souligné que les sanctions internationales contre Damas ralentissent ce processus: «Sans levée des sanctions ni aide économique à la Syrie, le retour des réfugiés devient quasi impossible.»
Il a appelé les organisations internationales à faciliter ce retour et à soutenir la réintégration des déplacés dans leur pays d’origine.
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