Bérénice Béjo défend la liberté dans «Mexico 86»
L’actrice franco-argentine Bérénice Béjo pose lors d’une séance photo à Paris, le 9 avril 2025. ©Joel SAGET / AFP

Dans Mexico 86, Bérénice Béjo incarne une révolutionnaire guatémaltèque en exil. Ce rôle engagé résonne avec sa propre histoire familiale et porte un message fort sur la résistance féminine face à l’oppression politique.  

«Les mères aussi peuvent combattre fusil à la main quand la démocratie est en danger», affirme l’actrice française Bérénice Béjo. Elle fait un pas de côté avec ce thriller tourné en espagnol, qui touche une corde sensible chez cette fille de réfugiés argentins.

Mexico 86, qui sort en France, replonge dans la lutte contre la dictature militaire au Guatemala dans les années 1980. Il s’inspire de l’histoire personnelle de son réalisateur, César Díaz.

Bérénice Béjo y incarne une militante révolutionnaire guatémaltèque, exilée au Mexique, où elle tente de poursuivre la lutte clandestine. Traquée par la police secrète, elle essaie d’élever son fils de dix ans, que ses camarades préfèreraient voir confié à un orphelinat révolutionnaire à Cuba.

Ce rôle fait écho aux origines de l’actrice de 48 ans, née en Argentine, dont les parents ont dû se réfugier en France alors qu’elle n’était encore qu’un bébé.

«Nous sommes des exilés, avec des parents qui nous ont permis d’avoir une vie meilleure, mais en même temps qui ne nous racontent pas vraiment l’histoire», confie Bérénice Béjo à l’AFP.

Avec le réalisateur, «on s’est rendu compte que finalement on n’était pas seuls dans cette situation, et que ça ne nous empêchait pas d’avancer. Je suis très reconnaissante de ce que mes parents ont fait, des sacrifices qu’ils ont consentis pour que je sois là. J’ai saisi ma chance, j’en ai fait quelque chose, et j’ai réussi, donc du coup ils sont super fiers», ajoute-t-elle.

«Mais il y aura toujours une histoire qui ne sera pas racontée», poursuit l’actrice primée pour The Artist réalisé par son compagnon Michel Hazanavicius, ou encore Le Passé, d’Asghar Farhadi.

«Vas-y !»

L’histoire de Mexico 86, ancrée dans la lutte pour la démocratie en Amérique latine dans les années 1970-1980, «résonne avec ce qui se passe dans le monde aujourd’hui» face à la montée des régimes autoritaires, poursuit-elle.

«Tout à coup, on se rend compte qu’à un moment donné, quand la démocratie est fragilisée, il faut aller défendre ce qu’on aime : la liberté, la liberté d’expression, le droit, la laïcité. Ce sont des droits acquis, et maintenant qu’ils sont menacés, il faut les défendre», insiste-t-elle.

«Quand certaines personnes trouvent le courage de le faire, au détriment de leur vie personnelle, c’est important de raconter leurs histoires, pour montrer que c’est possible. Si tu as le courage, vas-y ! Que tu sois mère, femme célibataire, homme ou père, en réalité, c’est difficile pour tout le monde», affirme Bérénice Béjo.

«Il n’y a aucune raison pour que seuls les hommes partent et s’engagent, car c’est déjà douloureux pour eux d’abandonner femme et enfants», souligne l’actrice au parcours éclectique.

«Je ne dis pas que je vais le faire, je n’en sais rien. Je ne donne de leçon à personne, vraiment. Je dis simplement que ce genre de film permet d’y réfléchir. Moi, en tant que femme, je me dis : oui, c’est vrai que c’est possible.»

«Si tu as le courage, vas-y. Si tu penses que tu peux aller te battre, fusil à la main, vas-y. Ce n’est pas parce que tu es mère que tu ne dois pas le faire», martèle-t-elle.

Par François BECKER / AFP

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