
Le festival de la BD d'Angoulême (FIBD) rompt son contrat avec 9eArt+, initialement prévu jusqu’en 2027, après de vives critiques des auteurs et des financeurs publics. Une nouvelle ère s’annonce pour le plus grand festival de BD du monde sans qu’une decision ne soit prise, pour l’heure, concernant un éventuel appel à candidatures.
Confronté à un appel à boycott et pressé par ses financeurs publics d'ouvrir son organisation à la concurrence, le festival de la BD d'Angoulême (FIBD) a fait un premier pas vendredi en résiliant le contrat le liant à une société contestée.
«Le Conseil d'administration de l'association du FIBD a acté ce soir la dénonciation du contrat» avec 9eArt+ qui arrivait à échéance en 2027, a indiqué le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont dans un communiqué, se félicitant de l'ouverture d'une «nouvelle page».
Aucune décision n'a toutefois été prise concernant un éventuel appel à candidatures, réclamé par nombre d'acteurs depuis la dernière édition du plus grand festival de BD au monde en janvier.
La société 9eArt+, qui gère le FIBD depuis 2007, avait alors été vivement critiquée après une enquête de l'Humanité magazine dénonçant des «dérives» commerciales, un manque de transparence ou encore le licenciement en 2024 d'une salariée peu après sa plainte pour viol.
Début avril, son directeur, Franck Bondoux, a évoqué un possible «rapprochement» entre sa société et l'association fondatrice du festival, sous forme d'une S.A.S. (société par actions simplifiée) qui continuerait à organiser le FIBD.
Cette hypothèse exclurait toute mise en concurrence, selon ses détracteurs.
Pour la présidente de l'association, Delphine Groux, «toutes les potentialités (sont) ouvertes pour refonder ses relations avec 9eArt+».
«Face à cet aveuglement et à cette obstination», 400 auteurs de BD, dont Luz, Fabcaro ou Anouk Ricard, ont signé une pétition publiée vendredi par l'Humanité appelant à «boycotter massivement la prochaine édition du festival en 2026». Outre la dénonciation du contrat avec 9eArt+, qui a été actée, ils réclament le lancement d'un appel à projets pour la gestion du festival.
Les collectivités, qui avec l’État fournissent près de la moitié des 6,3 millions d'euros de budget du festival, réclament aussi le lancement d'un «appel à candidatures».
La région Nouvelle-Aquitaine, premier pourvoyeur public (520.000 euros de subventions annuelles), est «favorable» à des contrats plus courts, «de cinq ans maximum», mais s'oppose à la candidature de groupes internationaux, de peur qu'ils ne délocalisent le festival s'il n'est pas assez rentable.
Le vice-président (DVG) du département de la Charente, Patrick Mardikian, a expliqué à l'AFP qu'il lui semble «impensable que les collectivités ne soient pas associées au choix de l'organisateur du festival».
L’État veillera aussi à ce qu'un «acteur privé» ne s'approprie pas «la marque +FIBD+», avait averti début avril le ministère de la Culture, qui s'était déjà inquiété de «dysfonctionnements» lors du dernier festival en janvier.
Avec AFP
Commentaires