
Depuis la nuit des temps, l’or fascine. Symbole de richesse, rempart contre les crises, il est ce que l’on appelle une «valeur refuge». En période d’incertitude économique, géopolitique ou monétaire, les investisseurs s’y précipitent comme vers une bouée dorée. Mais ces derniers jours, cette bouée a commencé à tanguer.
Depuis le début de l’année, le marché de l’or joue les montagnes russes, alternant hausses franches et replis soudains. Le 22 avril, il s’est offert une envolée spectaculaire, avec une progression de plus de 2% en une seule journée. Moins de 24 heures plus tard, l’euphorie laissait place à une correction inattendue. Ce yo-yo doré interroge: que se passe-t-il sur le marché du métal précieux?
«Symbole de sécurité en temps d’incertitude, l’or a longtemps joué un rôle de refuge face aux turbulences économiques et géopolitiques. Cette fonction n’a jamais été aussi sollicitée qu’en cette période marquée par des tensions persistantes au Proche-Orient, une inflation mondiale encore mal maîtrisée, et des taux d’intérêt en suspens», explique un spécialiste des marchés à Ici Beyrouth.
C’est dans ce contexte que l’or a franchi, le 22 avril, un nouveau seuil symbolique, atteignant brièvement 2.500 dollars l’once. «Une progression qui s’explique par un cocktail explosif: crainte d’un conflit entre Israël et l’Iran, guerre commerciale, spéculations sur une baisse des taux directeurs américains, et une demande soutenue des banques centrales, notamment en Chine, qui continuent d'accumuler des réserves en métal jaune», selon lui.
Mais dès le lendemain, la tendance s’inverse. Les indicateurs économiques sont plus robustes. Résultat: les investisseurs tempèrent leur enthousiasme, et l’or perd une partie de ses gains aussi vite qu’il les avait engrangés.
Cette volatilité surprend, surtout pour un actif réputé stable. Pourtant, elle n’est pas nouvelle. Si l’or est perçu comme une valeur refuge, il n’en reste pas moins exposé aux mouvements de court terme dictés par les décisions monétaires, les spéculations et les réactions parfois irrationnelles des marchés. Il reflète les émotions collectives: l’inquiétude, l’espoir, puis parfois la désillusion.
Désormais, une question s’impose dans tous les esprits: faut-il investir dans l’or aujourd’hui?
D’un côté, les arguments en faveur de ce placement restent solides. Dans un monde incertain, l’or protège contre l’inflation, la dépréciation des monnaies et les chocs géopolitiques. De plus, la demande structurelle demeure forte, portée par les banques centrales et les investisseurs soucieux de diversifier leurs portefeuilles.
De l’autre, le niveau actuel des prix pourrait inciter à la prudence. L’or a déjà connu une hausse rapide ces derniers mois, et une correction technique est toujours possible. Surtout, il s’agit d’un actif qui ne produit aucun revenu: ni dividende, ni intérêt. Il convient donc de l’intégrer avec mesure dans une stratégie de placement à long terme.
En somme, l’or conserve son attrait, mais il ne faut pas le considérer comme une valeur magique. Il reste un actif parmi d’autres, soumis à ses propres logiques et à ses propres excès. L’investir, oui, mais avec discernement. Car si l’or brille toujours en période d’orage, il lui arrive aussi, parfois, de cligner un peu trop des yeux.
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