Pourquoi le jeûne intermittent séduit-il autant aujourd’hui?
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Prisé pour ses effets sur la ligne et la santé, le jeûne intermittent s’impose comme une tendance durable. Plus qu’un régime, il devient un véritable mode de vie. Quels sont ses bienfaits? À qui s’adresse-t-il? Décryptage.

Longtemps cantonné aux traditions religieuses, le jeûne revient sur le devant de la scène, mais sous une forme allégée, flexible, presque lifestyle, le jeûne intermittent. Le principe est simple: alterner des phases de jeûne et de prise alimentaire sur une même journée ou semaine.

Parmi les formats les plus populaires, on trouve le 16/8 – 16 heures de jeûne suivies de 8 heures d’alimentation – souvent pratiqué en sautant le petit-déjeuner et en mangeant entre midi et 20h. Mais il existe une grande variété de protocoles, à adapter selon son rythme de vie et ses objectifs:

- Le 14/10: une version plus souple du 16/8, idéale pour les débutants, avec 14 heures de jeûne et 10 heures d’alimentation.

- Le 18/6: plus intensif, avec 18 heures de jeûne et seulement 6 heures de prise alimentaire, souvent adopté par ceux qui ont déjà une certaine expérience.

- Le 5:2: on mange normalement cinq jours par semaine, et on réduit fortement les apports caloriques (environ 500 à 600 kcal) pendant deux jours non consécutifs.

- Le «One Meal a Day» (OMAD): consiste à ne faire qu’un seul repas par jour, dans une fenêtre de 1 à 2 heures. Ce format exigeant n’est pas recommandé sur le long terme sans encadrement médical.

- Le jeûne alterné (ou alternate-day fasting): alterne un jour de jeûne total ou partiel avec un jour d’alimentation normale. Plus difficile à intégrer au quotidien, il reste minoritaire.

Mais ce qui séduit, c’est surtout la promesse d’un retour à l’essentiel. Une manière de rompre avec le grignotage permanent et de retrouver une relation plus sobre, plus consciente à la nourriture. Pourquoi ce succès? Parce que le jeûne intermittent semble répondre à des attentes multiples: perdre du poids, améliorer sa santé, retrouver de l’énergie, ou tout simplement alléger un quotidien saturé par les sollicitations alimentaires. Dans une époque où l’on mange souvent trop, trop vite, trop mal, le jeûne intermittent offre une pause.

Les études, encore en cours mais prometteuses, montrent des effets bénéfiques sur le métabolisme: meilleure sensibilité à l’insuline, baisse du taux de sucre dans le sang, diminution des marqueurs inflammatoires, régulation du cholestérol. Selon le New England Journal of Medicine, il pourrait même avoir un impact positif sur la longévité et certaines fonctions cérébrales, en activant des mécanismes de régénération cellulaire comme l’autophagie.

Le jeûne intermittent n’est pas qu’un outil minceur. S’il permet de réduire la masse grasse – notamment abdominale – en incitant l’organisme à puiser dans ses réserves, il agirait aussi comme un rééquilibrage hormonal. Le niveau de leptine, hormone de la satiété, serait mieux régulé, de même que celui de la ghréline, qui stimule l’appétit.

Mais surtout, beaucoup de pratiquants rapportent un regain d’énergie, une amélioration de la concentration, un sommeil plus réparateur. Autant de bénéfices qui expliquent que cette méthode soit aujourd’hui plébiscitée non seulement par des nutritionnistes, mais aussi par des sportifs de haut niveau, des cadres surmenés ou des adeptes du bien-être global.

Une tendance portée par la culture du «moins»

Il y a, dans cette pratique, quelque chose de plus large qu’un simple changement alimentaire. Le jeûne intermittent s’inscrit dans une philosophie minimaliste: moins consommer, mieux choisir, se reconnecter à ses besoins fondamentaux. Une forme de «détox» sociale aussi, face à l’abondance et la surconsommation.

La popularité du jeûne intermittent doit également beaucoup à la médiatisation de ses bienfaits. Des célébrités comme Jennifer Aniston, Hugh Jackman ou Kourtney Kardashian l’ont adopté, contribuant à en faire une méthode tendance. Mais au-delà de l’effet de mode, les retours sont souvent positifs, à condition de respecter certaines règles.

Attention, le jeûne intermittent n’est pas adapté à tout le monde. Les personnes souffrant de troubles alimentaires, les adolescents, les femmes enceintes ou allaitantes, ou encore les diabétiques doivent éviter ou adapter cette pratique. Il ne s’agit pas de se priver, mais de structurer ses apports différemment. Et pour que les bénéfices soient réels, il faut veiller à ce que les repas pris pendant les fenêtres alimentaires soient équilibrés, riches en nutriments, et non pas des excuses pour compenser.

Autre point de vigilance: le risque de rigidité excessive. Certains peuvent transformer cette habitude en obsession, voire en contrainte sociale. Or, le jeûne intermittent doit rester un outil souple, au service du corps et non l’inverse.

Ce qui fonctionne pour les uns ne convient pas forcément aux autres. Il n’existe pas de «meilleure» formule universelle. Tout dépend du mode de vie, du rythme de travail, des besoins physiologiques. Certains préfèrent sauter le petit-déjeuner, d’autres choisissent de dîner tôt. L’important, c’est d’écouter son corps et de ne pas forcer.

Avant de se lancer, mieux vaut consulter un professionnel de santé, notamment en cas de pathologies chroniques. Un suivi peut également être utile pour éviter les erreurs fréquentes: manque d’hydratation, apport calorique insuffisant, fatigue prolongée.

Au fond, si le jeûne intermittent rencontre un tel engouement, c’est peut-être parce qu’il reconnecte l’alimentation à une forme de conscience. Il ne s’agit pas de suivre un énième régime miracle, mais de prendre du recul, de s’accorder du temps, de repenser notre rapport à la faim et à la satiété.

 

 

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