
Délocalisation, hausse des prix, gels d'embauches... Les entreprises françaises les plus exposées aux États-Unis prennent diverses mesures pour faire face aux conséquences des droits de douane américains sur leur activité.
Augmenter les prix
« Hermès, connu pour ses sacs Birkin ou ses carrés de soie, entend “compenser intégralement” l'impact des 10% de droits de douane américains en augmentant ses prix de vente aux États-Unis dès le 1er mai et sur l'ensemble des métiers », selon le directeur général des finances du groupe, Eric Halgouët.
La société, au positionnement très haut de gamme, n'a pas précisé le montant de cette augmentation des prix.
De son côté, Interparfums augmentera ses prix de « 6 à 7% à partir du 1er août » aux Etats-Unis, son premier marché, a annoncé son PDG Philippe Benacin. Le groupe a réalisé 38% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis en 2024.
Du côté de Kering, le groupe de luxe qui possède Gucci, « nous considérons que nous avons la capacité de protéger nos marges à travers des augmentations de prix », a souligné la directrice financière Armelle Poulou.
Le groupe d'ameublement haut de gamme Roche Bobois déclare, lui, avoir « procédé, aux Etats-Unis, à une première hausse de prix début février 2025 et à une deuxième en avril 2025 » en anticipation des droits de douane, sans donner plus de détails chiffrés.
Olivier Andriès, directeur général de Safran, a précisé que le géant de l'aéronautique allait « imposer des surcharges sur les prix à [leurs] clients ». Le constructeur est notamment exposé aux droits de douane lorsqu'il vend ses moteurs Leaps, qui équipent les avions les plus vendus par Airbus et Boeing, entreprise américaine.
Airbus, groupe européen, a également annoncé que le surcoût lié aux droits de douane devra être payé par les clients qui importent des avions.
L'avionneur européen est « exposé » aux droits de douane lorsqu'il importe pour les activités de son usine américaine à Mobile, en Alabama, a affirmé Guillaume Faury, son PDG.
Délocaliser la production
Sanofi, le groupe pharmaceutique français, a annoncé de son côté envisager « potentiellement des investissements supplémentaires » aux Etats-Unis.
Le groupe réalise à peu près la moitié de son chiffre d'affaires aux États-Unis où seulement 25% de sa production est implanté, réparti dans cinq usines.
Investir davantage ne veut pas forcément dire ouvrir de nouveaux sites mais peut passer par un renforcement des capacités de production des usines, ou un recours accru à des sous-traitants locaux.
Bernard Arnault, dont le groupe LVMH réalise 25% de ses ventes aux États-Unis, a quant à lui appelé les dirigeants européens à régler « à l'amiable » les tensions commerciales.
Si jamais ces négociations n'aboutissaient pas et qu'« on se retrouve avec des droits de douane élevés, (...) on sera amené à augmenter nos productions américaines », a précisé M. Arnault. Son groupe possède déjà trois ateliers Louis Vuitton et quatre ateliers de la marque américaine Tiffany aux États-Unis.
« De notre côté, nous pensons pouvoir tempérer et contenir cette hausse de prix en relocalisant une partie de nos productions de Chine vers le Vietnam par exemple », a souligné Stanislas de Gramont sur Radio classique, directeur général du groupe d'électroménager SEB.
Réduire les coûts
L'équipementier automobile Forvia, anciennement Faurecia, annonce pour sa part un gel des embauches, la restriction des voyages, l'annulation de la participation à plusieurs salons internationaux (Munich, Las Vegas) et une réduction des investissements, recentrés sur le « strict nécessaire ».
Ces annonces s'accompagneront également d'une répercussion sur les prix pour les clients, a ajouté le groupe.
Contrairement à la majorité des biens, taxés à 10%, les voitures produites en dehors des États-Unis subissent une hausse des droits de douane de 25%.
Renault, qui ne serait « pas impacté directement » par les droits de douane américains sur les véhicules importés selon la direction, a toutefois prévu de se montrer « prudent » face à leur effet sur la demande et prévoit un "plan de réduction de coûts supplémentaire ».
Le groupe a expliqué que cela pourrait passer par le « décalage de quelques projets, par exemple le lancement aux Etats-Unis d'un modèle Alpine », la marque sportive de Renault.
D'autres groupes, comme Air Liquide, Danone, Orange ou Thalès ont déclaré être peu ou pas affectés par la hausse des droits de douane.
Avec AFP
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