
Le président Joseph Aoun et son homologue émirati, cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyane, également émir d’Abou Dhabi, se sont mis d’accord pour développer et renforcer les relations bilatérales, au cours de leur sommet, mercredi, aux EAU.
Le président Aoun a entamé mercredi une visite officielle de deux jours aux Émirats arabes unis. À son arrivée à Abou Dhabi, il a tenu une réunion au sommet avec cheikh Al-Nahyane.
Lors de cette rencontre, le président Aoun a exprimé sa profonde gratitude aux EAU pour leur accueil des 190.000 Libanais qui résident sur leur territoire.
Selon lui, cette communauté est «un pont vital entre les deux pays». «Nous sommes reconnaissants de l’hospitalité des EAU, où nos citoyens contribuent à la prospérité du pays. Leur travail et leurs efforts sont une véritable force pour la renaissance du Liban», a-t-il souligné.
Il devait réitérer cette idée durant l’entretien qu’il a accordé, plus tard, à un groupe de médias arabes. «Près de 190.000 Libanais aux Émirats arabes unis vivent en sécurité et dans la dignité, et soutiennent financièrement leurs familles au Liban», a-t-il souligné.
M. Aoun a également abordé avec cheikh Al-Nahyane la situation politique et économique au Liban, ainsi que les efforts déployés pour en finir avec les armes illégales. Il a insisté sur le fait que, bien que le pays traverse des moments difficiles, «le passé est aujourd’hui derrière nous». Il a expliqué, devant son hôte, que l'État libanais «commence à retrouver sa souveraineté, sa présence et sa capacité à gouverner». «Le Liban, après une longue période de crise, retrouve son équilibre et nous travaillons ensemble pour un avenir meilleur», a ajouté le chef de l’État, qui a jugé nécessaire une collaboration entre tous les acteurs de l'État pour assurer le futur du pays.
Réouverture de l’ambassade des EAU à Beyrouth
Le président Aoun a aussi rappelé que la stabilité du Liban est étroitement liée à la stabilité de la région. «Nous faisons partie d’un tout dans le monde arabe. Si un membre de la famille arabe souffre, tout le monde souffre», a-t-il souligné, mettant en avant la solidarité régionale comme un principe fondamental pour l'avenir du Liban.
De son côté, l’émir Mohammad ben Zayed al-Nahyane a réaffirmé le soutien indéfectible de son pays aux institutions libanaises. Il a insisté sur l'importance de la stabilité du Liban et de sa souveraineté, soulignant que son pays reste déterminé à soutenir les efforts du Liban pour préserver son unité et son intégrité territoriale. «Les Émirats continueront à soutenir le Liban dans sa quête de stabilité, de paix et de développement. Nous soutenons fermement l'unité du Liban et la sécurité de ses frontières», a-t-il déclaré.
Le président émirati a également exprimé sa solidarité avec les Libanais face aux défis internes du pays, rappelant l’importance de la coopération entre les nations arabes pour faire face aux crises communes. «Le Liban, avec son riche patrimoine et ses capacités humaines exceptionnelles, mérite de retrouver sa place parmi les nations prospères de la région», a ajouté cheikh Al-Nahyane.
La réouverture de l'ambassade des Émirats à Beyrouth, fermée en 2021, a également été évoquée durant la réunion. Le dirigeant émirati a exprimé son désir de rétablir les relations diplomatiques sur une base solide. «Nous croyons que la réouverture de l’ambassade sera un signe fort de notre engagement envers le Liban et de notre volonté d'aider le pays à surmonter ses difficultés», a-t-il précisé.
Les armes illégales
«Ce geste symbolise la profondeur de notre amitié et le soutien continu des Émirats à notre pays», a réagi Joseph Aoun, qui a également exposé à son hôte les efforts menés par le Liban pour étendre sa souveraineté sur l’ensemble du territoire, notamment au Liban-Sud.
Il a développé plus tard ces points, au cours de son entretien accordé au groupe de médias arabes, à Abou Dhabi. Il a ainsi insisté sur le fait que la décision de limiter les armes aux seules forces étatiques a été prise et est «irréversible». «Le retrait des armes sera effectué sur l’ensemble du territoire libanais, mais la priorité reste le démantèlement des infrastructures paramilitaires au Liban-Sud», conformément à l’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël, a-t-il précisé, en allusion aux armes du Hezbollah.
M. Aoun a expliqué que l’autre priorité est, dans ce contexte, «la remise des armes lourdes et moyennes, qu'elles soient entre les mains des Libanais ou des Palestiniens». Il a rappelé que «l’armée libanaise contrôle désormais la majeure partie du sud, elle a accompli environ 80 à 85% de sa mission, mais son déploiement jusqu’à la frontière est entravé par Israël qui continue d’occuper cinq points stratégiques». Le chef de l’État a mis l’accent sur la nécessité pour les pays amis d’aider le Liban à régler ce problème, mettant en avant l’importance «des voies diplomatiques» pour atteindre cet objectif. «Les Libanais sont épuisés par la guerre et ne veulent plus entendre ce mot. Notre seul choix est la solution diplomatique, même si elle prend du temps», a-t-il fait valoir.
Le président a ensuite annoncé que le président palestinien, Mahmoud Abbas, se rendra bientôt à Beyrouth, et la question des armes palestiniennes au Liban sera abordée. «C’est un dossier important qu’on ne peut ignorer», a-t-il dit. «J’agis selon ma conscience et l’intérêt supérieur du Liban. La clé de tous les dossiers reste la paix civile. Tout conflit interne ne peut être traité que par le dialogue et dans le cadre de l’État», a fait valoir le chef de l’État en soulignant la coopération avec les présidents du Parlement, Nabih Berry, et du gouvernement, Nawaf Salam, pour régler les différents dossiers.
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