
Les élections municipales auront, même de manière indirecte, un impact notable sur les prochaines législatives. Les alliances actuelles qui se tissent dans certaines régions ne perdureront pas forcément jusqu’aux prochaines élections, mais elles offrent un aperçu de la manière dont les acteurs politiques abordent leurs adversaires.
Partant, dans le Metn, l’alliance entre le Courant patriotique libre (CPL) et le député Michel Murr semble désormais scellée. Mais au-delà d’une simple synergie apparente, elle envoie un message clair au député Elias Bou Saab, lui-même un ancien du CPL: le siège orthodoxe ne lui est plus acquis. Le courant lui préfère, en effet, un autre candidat orthodoxe, au poids électoral tout aussi affirmé dans la circonscription.
Même logique dans le Kesrouan, où l’alliance entre Farid Haykal el-Khazen et Neemat Frem vise à s’assurer deux sièges, tout en ouvrant la voie à un rapprochement entre les Forces libanaises et Mansour el-Bon. Ce jeu d’alliances redessine une compétition frontale dans la région, plaçant les Kataëb et le CPL face à un défi stratégique pour sécuriser un cinquième siège.
Cependant, si les Forces libanaises (FL) ont réussi à tendre la main à El-Bon au Kesrouan, elles peinent à répliquer cette démarche ailleurs au vu des tensions avec les indépendants traditionnels, notamment à Jbeil. Là, elles livrent une bataille ouverte et acharnée contre l’ancien député Farès Souhaid, rival historique depuis leur désaccord sur l’élection de Michel Aoun. Ce différend n’a jamais été résolu, persistant d’un scrutin à l’autre, qu’il soit municipal ou législatif.
À Batroun, les FL ont trouvé un terrain d’entente avec Majd Harb, posant les jalons d’un partenariat électoral pour l’année prochaine.
Sur un autre front, les sunnites restent dispersés, tandis qu’un phénomène intrigant s’observe dans les municipalités chiites du littoral de Baabda qui, touchées de plein fouet par la dernière guerre, ont été pour la plupart élues d’office. Deux raisons expliquent cela: D’une part, les structures locales affiliées au tandem chiite sont exsangues du fait de la dernière guerre. D’autre part, le tandem tente d’éviter toute confrontation municipale, préférant alléger ses charges et stabiliser ses fiefs en prévision de la phase de reconstruction.
Ces dynamiques locales esquissent déjà les grandes lignes des législatives à venir: repositionnement chrétien, fragmentation sunnite, stagnation chiite. Pendant ce temps, les druzes se débattent avec des préoccupations plus graves, allant bien au-delà du cadre électoral libanais, notamment autour d’une lutte existentielle amplifiée par la crise syrienne.
C’est ainsi que se profile le paysage politique, loin des querelles de clochers que l’on retrouve dans les programmes électoraux des candidats.
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