
Les autorités libanaises semblent marquer un tournant dans leur gestion de la question palestinienne. À travers le Conseil supérieur de la défense, elles se positionnent contre le mouvement Hamas qui, malgré son rôle actif dans la guerre de soutien à Gaza depuis le territoire libanais, bénéficie jusque-là de l'aval tacite du Hezbollah. Toutefois, alors que l'État libanais évite d’affronter directement le Hezbollah sur la question de ses armes, il décide aujourd'hui de concentrer l'attention sur l'arsenal palestinien. Un signal adressé à la communauté internationale pour affirmer la volonté du Liban de restaurer son autorité, de défendre sa souveraineté et de reprendre en main ses décisions en matière de guerre et de paix. Laquelle communauté internationale est consciente que le véritable défi pour le Liban reste la gestion de l’arsenal du Hezbollah, un dossier central pour juger de la capacité de l'État à reprendre pleinement son rôle et son autorité.
Bien que le Conseil supérieur de la défense ait adressé un avertissement clair au Hamas et à d’autres factions à la suite des tirs de roquettes depuis le Liban, des sources proches du mouvement palestinien affirment que le Hamas ne dispose d’aucune infrastructure militaire sur le sol libanais. Elles soulignent que les autorités libanaises sont bien conscientes qu’avec des fonds, il est possible d’acquérir bien plus de roquettes que n’en détient le Hamas réellement. Ces mêmes sources insistent sur la nécessité d’un dialogue avec les autorités libanaises, fondé sur une compréhension mutuelle. Elles rappellent qu'un changement profond est en cours dans la région, sans pour autant atténuer les ambitions israéliennes.
D’après les informations recueillies, les autorités libanaises sont prêtes à exiger que le Hamas mette fin à toute activité militaire sur le territoire libanais, démantèle ses structures armées, remette ses armes et livre les suspects liés aux tirs de roquettes sur les colonies israéliennes. Le Conseil supérieur de la défense a également donné aux services de sécurité l'ordre de prévenir tout tir de roquettes, quelle qu’en soit l’origine, et de traquer les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas. Des instructions ont été données pour mener des raids dans toutes les zones, à l’exception des camps palestiniens, où pourraient se trouver des éléments du Hamas ou des équipements militaires associés au groupe. La question de la présence du Hamas et des autres factions palestiniennes dans les camps sera abordée lors de la visite du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Beyrouth, prévue pour le 21 mai.
La question des armes palestiniennes au sein des camps sera un des principaux points abordés lors de cette visite. Selon des sources palestiniennes, l’Autorité palestinienne travaille actuellement sur un plan qui sera présenté aux autorités libanaises la semaine prochaine. Ce plan inclura un mécanisme de coordination avec les services de sécurité libanais, notamment l’armée, pour gérer les relations avec toutes les factions palestiniennes. Toutefois, des obstacles majeurs pourraient freiner cette démarche. Certains groupes armés, tels que le Hamas et le Jihad islamique, ne suivent pas les décisions de l’Autorité palestinienne. Par ailleurs, des factions extrémistes, telles que Junud al-Sham et la Ligue des partisans, notamment présentes dans le camp d’Ain el-Héloué, compliquent encore la situation. Le risque de confrontations militaires avec ces groupes demeure élevé, en particulier s’ils persistent dans leur refus d’appliquer les décisions de l’État libanais.
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