La Syrie fustige une «escalade dangereuse» après une frappe israélienne à Damas
Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de Damas, la capitale syrienne, le 30 avril 2025 ©Bakr ALKASEM / AFP

La présidence syrienne a qualifié «de dangereuse escalade» vendredi la frappe israélienne menée à l'aube près du palais présidentiel de Damas, selon Israël en guise d'avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie, après plusieurs jours de violences meurtrières.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a «condamné» ce raid, qui fait suite à des violences confessionnelles entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes ayant fait plus de 100 morts, selon une ONG.

La frappe aérienne, à l'aube, a été entendue à travers la capitale syrienne, selon un correspondant de l'AFP. Elle visait «un secteur voisin du palais d'Ahmad al-Chareh», le président syrien, a annoncé l'armée.

«C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze», ont affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Israël Katz.

Dans un communiqué, la présidence syrienne «a condamné avec la plus grande fermeté» cette frappe, dénonçant une «escalade dangereuse contre les institutions de l'État et sa souveraineté».

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a ensuite fait état de quatre combattants druzes tués dans la journée dans une frappe de drone dans la province de Soueïda, bastion de la minorité druze dans le sud de la Syrie, sans en préciser l'origine.

Jeudi soir, le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajri, avait dénoncé une «campagne génocidaire» visant des «civils» de sa communauté. Des représentants des autorités religieuses et groupes armés druzes réunis à Soueïda ont de leur côté réaffirmé rejeter «toute division » du pays.

«Terrain de jeu des tensions régionales »

Le secrétaire général de l'ONU a «condamné les violations par Israël de la souveraineté de la Syrie», et «toute violence contre les civils».

Le Qatar a fustigé une «agression flagrante contre la souveraineté» de la Syrie et Ryad a «réaffirmé son rejet catégorique des agressions israéliennes sapant la stabilité» de la Syrie.

«La Syrie ne doit pas devenir le terrain de jeu des tensions régionales » a mis en garde Berlin, appelant le gouvernement syrien à assurer «la protection de la population civile» et tous les acteurs» à «la plus grande retenue».

Israël, voisin de la Syrie avec laquelle il est en état de guerre, avait menacé d'agir «avec force» si Damas ne protégeait pas sa communauté druze et déjà mené mercredi une frappe «d'avertissement» aux environs de la capitale.

Depuis l'arrivée au pouvoir, le 8 décembre, d'une coalition menée par des islamistes sunnites, Israël a pris fait et cause pour les druzes de Syrie. Cette communauté ésotérique, issue d'une branche de l'islam chiite, est également implantée en Israël et au Liban.

Dans ce contexte, M. Chareh a reçu vendredi à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, qui avait appelé mercredi ses coreligionnaires en Syrie à «refuser l'ingérence d'Israël».

Depuis la chute du président Bachar al-Assad, Israël a mené des centaines d'attaques contre des sites militaires en Syrie et envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau du Golan.

Selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, Israël «espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain».

«Terrifiés»

Lundi et mardi, des violences à Jaramana, une banlieue de Damas à majorité druze, à Sahnaya, à 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, où vivent des druzes et des chrétiens, et à Soueïda, ont fait 102 morts dans les deux camps, selon l'OSDH.

Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur « engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze », ont mis en cause des éléments échappant à son contrôle.

Ces combats ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dont est issue le président déchu, dans l'ouest.

Des accords entre représentants druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana puis le lendemain à Sahnaya, où des forces de sécurité ont été déployées.

«La situation est calme, mais nous sommes terrifiés», a témoigné Arij, une habitante de Sahnaya âgée de 35 ans. «Beaucoup de chrétiens et de druzes ont fui pour Damas».

AFP

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