Taux de change à 15.000: embarras et confusion
Preuve que la décision subite de l’Exécutif de fixer le taux de change à 15.000 pour un dollar embête la classe politique, le député Hussein Hajj Hussein (bloc du président de la Chambre, Nabih Berry) s’est empressé de souligner que le Parlement n’a rien à voir dans cette affaire.

Il répondait de la sorte au ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, qui avait situé sa décision dans le prolongement de l’adoption, mardi au Parlement, du Budget 2022, dans lequel le dollar douanier avait été fixé à 15.000 livres. «Il est devenu impératif de remédier aux retombées de la dépréciation aiguë de la livre et des nombreux taux de change appliqués dans le pays, afin de pouvoir réduire le déficit et d’instituer une stabilité financière», avait expliqué Youssef Khalil dans son communiqué de mercredi.

«Le Législatif n’a rien à voir avec le taux du dollar douanier ou le taux de change officiel du billet vert, étant donné que cela n’a pas été mentionné dans le budget général», a répondu indirectement M. Khalil dans une déclaration radiodiffusée, en estimant que les communiqués successifs du ministère des Finances, «n’ont pas dissipé la confusion» née de son annonce d’une révision à la hausse du taux de change.


Dans le deuxième communiqué qu’il avait fait paraître, Youssef Khalil s’était efforcé d’expliquer sa décision en indiquant qu’elle est «le résultat d’un accord entre le ministère des Finances et la banque centrale pour corriger les répercussions de la forte détérioration du taux de change et sa multiplicité sur les finances publiques». Mais cela n’avait pas été suffisant pour atténuer l’émoi suscité par son annonce-surprise de mercredi. Dans un troisième communiqué, le ministère des Finances a expliqué que «la variation du taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar américain se fera en deux étapes, la première au niveau du dollar douanier, et la seconde au niveau du taux de change officiel qui sera mise en œuvre en coordination avec la banque centrale». Au niveau de l’effet, le résultat a été le même.

C’est notamment le Premier ministre désigné, Najib Mikati, qui devait être plus précis, en annonçant dans une interview accordée à Reuters, des exceptions au taux de change de 15.000 pour un dollar. À titre d’exemple, les prêts, personnels ou au logement, continueront d’être remboursés au taux de change actuel de 1.507 livres pour un dollar. Une explication qui reste toutefois sommaire. Les questions liées au mode d’application, aux retombées, voire à la gestion de la décision du ministère des Finances sont nombreuses et les réponses inexistantes.
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