
Le Hamas a insisté mercredi sur la nécessité d’un « accord global » pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, où des frappes israéliennes ont fait plus de 40 morts, selon les secours, pendant que la catastrophe humanitaire s’aggrave de jour en jour.
Plus de trente experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU ont appelé mercredi les États à « agir rapidement pour mettre fin au génocide en cours » et éviter « l’annihilation » de la population gazaouie.
Après avoir placé le territoire palestinien en état de siège au début de son offensive contre le Hamas il y a 19 mois, Israël impose à Gaza un blocus hermétique depuis le 2 mars, empêchant toute entrée de l’aide humanitaire vitale pour ses 2,4 millions d’habitants.
Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars son offensive, affirmant vouloir ainsi contraindre le Hamas à libérer les derniers otages enlevés lors de son attaque du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. Sur 58 otages encore retenus à Gaza, 34 sont morts selon l’armée israélienne.
Le mouvement islamiste palestinien a rejeté mercredi des tentatives d’imposer un « accord partiel » avant une visite au Moyen-Orient du président américain, Donald Trump, prévue du 13 au 16 mai.
Le Hamas « insiste sur la nécessité de parvenir à un accord global et complet pour mettre fin à la guerre », a déclaré à l’AFP Bassem Naïm, un membre du bureau politique du mouvement.
La veille pourtant, le Hamas avait estimé que des négociations pour une trêve n’avaient plus « aucun sens », après l’annonce par Israël d’un plan de « conquête » de Gaza prévoyant un déplacement massif de sa population.
Après l’annonce de ce plan et le rappel de dizaines de milliers de réservistes, un responsable sécuritaire israélien avait affirmé lundi qu’il restait une « fenêtre » de négociations en vue de la libération des otages jusqu’à la fin de la visite de M. Trump.
« Le monde nous regarde mourir »
Alors que les frappes israéliennes sont quotidiennes, la Défense civile palestinienne a annoncé mercredi que 42 personnes avaient été tuées, dont 15 dans le bombardement d’une école abritant des déplacés à Gaza-ville, dans le nord du territoire.
Une autre frappe sur cette ville a fait au moins 16 morts, selon cette organisation de secouristes.
Huit membres d’une même famille, âgés de deux à 54 ans, ont aussi péri dans une frappe contre une maison à Khan Younès, dans le sud, selon la Défense civile.
« Ils dormaient et la maison s’est effondrée sur eux », a témoigné Abir Shehab, qui a perdu son frère : « On meurt de faim, on meurt à cause de la guerre, on meurt de peur, on meurt de tout, et le monde entier reste là à nous regarder mourir. »
Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas fait de commentaire sur ces frappes.
« Gaza sera totalement détruite », avait affirmé mardi le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, en assurant que la population gazaouie, après avoir été déplacée vers le sud, commencerait à « partir en grand nombre vers des pays tiers ».
L’annonce israélienne a entraîné de nombreuses condamnations, notamment du chef des droits humains des Nations unies, Volker Türk, qui a estimé que ce nouveau plan aggraverait « les inquiétudes » sur la capacité des Palestiniens à continuer à vivre à Gaza « en tant que groupe ».
« Armes de guerre »
La mise en œuvre du plan, qui prévoit « d’établir une présence israélienne prolongée » à Gaza, reviendrait à « franchir une nouvelle ligne rouge », a mis en garde mercredi l’Espagne dans une déclaration commune avec l’Irlande, la Norvège, la Slovénie, l’Islande et le Luxembourg.
L’Espagne s’apprête à présenter une résolution devant l’Assemblée générale de l’ONU proposant des « mesures d’urgence pour arrêter le massacre des civils » et assurer l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza.
Amnesty International a appelé mercredi Israël à « abandonner immédiatement tout plan d’annexion de Gaza et de déplacement de masse forcé des Palestiniens » qui constitueraient une « violation grave du droit international ».
L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
L’offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 52 653 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé, jugées fiables par l’ONU.
AFP
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