Le poids de la dette au Liban: un fardeau qui s’allège… un peu
Dette publique au Liban : un recul historique, mais un avenir encore sous pression ©Ici Beyrouth

Longtemps synonyme de spirale incontrôlable, la dette publique du Liban commence – timidement – à redescendre de ses sommets vertigineux. Si le pays reste parmi les plus endettés du monde en proportion de son produit intérieur brut (PIB), les chiffres récents montrent un fléchissement du ratio dette/PIB, signe d’une certaine stabilisation après des années de tumulte économique.

En 2021, au cœur de l'effondrement économique du pays, le Liban enregistrait un ratio dette/PIB impressionnant de 349,9 %, selon les données de YCharts. Un niveau presque inédit à l’échelle mondiale, reflétant à la fois l’explosion de la dette publique et la contraction dramatique de l’économie réelle.

En 2022, ce ratio a diminué pour atteindre 283,2 %, une amélioration certes, mais toujours largement au-dessus des seuils critiques reconnus internationalement. Cette baisse relative ne reflétait pas encore une reprise réelle, mais plutôt des ajustements techniques liés à l’inflation et à la variation de la monnaie locale.

L’année 2023 a marqué un tournant : le ratio est tombé à 195,2 %, selon les estimations publiées par le Crédit Libanais. Cette évolution s’explique en partie par une croissance nominale du PIB – dopée par l'inflation et la dollarisation accrue de certains secteurs – et par une certaine prudence budgétaire de l'État, forcé de limiter ses dépenses par manque de financement.

Selon Trading Economics, le ratio dette/PIB a reculé à environ 140 %, en 2024. Ce recul notable s'explique par une croissance projetée du PIB libanais, attendue à 25,34 milliards de dollars, contre 20,08 milliards l'année précédente.

Cette baisse du ratio, si elle se confirme, marquerait un signal positif pour les partenaires internationaux, les investisseurs potentiels… et pour les Libanais eux-mêmes, las de voir leur économie asphyxiée par le surendettement.

Malgré cette amélioration, le chemin est encore long. Un ratio de 140 % reste largement supérieur aux niveaux tolérables pour des économies stables, et le Liban n’a toujours pas engagé de réformes structurelles majeures, notamment dans le secteur fiscal ou de l’électricité. De plus, aucune restructuration complète de la dette n’a encore été finalisée, ce qui laisse planer une grande incertitude sur la trajectoire budgétaire à moyen terme.

En résumé, le Liban commence à sortir la tête de l’eau sur le front de sa dette publique. Le ratio dette/PIB, qui flirtait avec les 350 % il y a trois ans, est tombé à 140 % d’ici fin 2024. Un soulagement, certes, mais fragile. Le pays devra accompagner cette amélioration d’une réforme en profondeur s’il veut transformer cette embellie en reprise durable.

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