Timide redémarrage de la consommation au Liban
Consommation au Liban: l’optimisme ne suffit pas à relancer les ventes. ©Association des commerçants de Beyrouth

Le dernier indice de conjoncture de la vente au détail publié par l’Association des commerçants de Beyrouth et Fransabank pour le premier trimestre 2025 s’intitule sans détour: «Un début d’année marqué par un optimisme prudent… mais une activité commerciale toujours lente». Un titre révélateur d’un climat à la fois prometteur et incertain.

L’année 2025 a démarré sous de bons auspices politiques: élection d’un président, formation d’un nouveau gouvernement et promesses de réformes économiques et institutionnelles. Ces avancées ont contribué à instaurer une ambiance de relatif optimisme, alimentée aussi par la reprise des discussions avec le FMI, le retour de liens avec les pays du Golfe et un regain de confiance, en apparence du moins, de la part des investisseurs, y compris la diaspora.

Mais sur le terrain, les chiffres sont moins encourageants: l’indice de la vente au détail chute à 30,01 au premier trimestre 2025, contre 31,37 au trimestre précédent. Rappelons que la base 100 de cet indice correspond au dernier trimestre de 2019, juste avant l'effondrement économique. Autrement dit, la consommation reste très en deçà des niveaux d’avant-crise.

Malgré la présence des expatriés durant la fête du Fitr et un contexte politique plus stable, l’activité commerciale reste bridée, freinée par les incertitudes économiques et monétaires. La population attend encore des résultats concrets, notamment sur le plan fiscal et financier.

Le tableau reste préoccupant: la baisse réelle trimestrielle de la consommation est estimée à -14,92%, hors carburants, et la baisse annuelle atteint -10,77%. Le seul rayon lumineux vient des ventes de carburant, en hausse de +29,24% en volume, notamment grâce à une meilleure disponibilité et à la mobilité accrue des ménages.

Dans le même temps, l’inflation annuelle s’élève à +20,74%, tandis que l’inflation trimestrielle bondit à +14,19%, contre +6,86% au trimestre précédent. Une spirale inflationniste qui continue de rogner le pouvoir d’achat des consommateurs, malgré des ajustements salariaux ponctuels.

Du côté des institutions, quelques lueurs: la Banque du Liban a porté ses réserves de change à 11 milliards de dollars, et les réserves en or ont bondi à 30 milliards, grâce à la hausse des cours internationaux.

Mais le pays reste inscrit sur la liste grise du GAFI, ce qui complique les opérations bancaires internationales, notamment pour les commerçants. Et en dépit de la «dollarisation» massive de l’économie, les transactions officielles continuent à fonctionner en livres libanaises, alimentant une confusion comptable et juridique pour les entreprises, notamment dans la valorisation des stocks et la gestion des écarts de change.

Les commerçants restent en attente d’un véritable tournant, suspendus à l’évolution de la scène politique et à la mise en œuvre effective des réformes promises. Le Liban, encore secoué par des tensions au sud et des fragilités internes, ne pourra espérer de véritable relance sans une visibilité claire sur les politiques économiques à venir.

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