Stéphanie Hobeika, bolide libanais à Silverstone
Stéphanie Hobeika pose fièrement aux côtés de son père sur le podium de Silverstone, après un week-end historique pour le sport auto libanais. ©Photo Stéphanie Hobeika

À peine 22 ans, déjà trois podiums en quatre courses: la jeune Libanaise, seule femme engagée en Radical SR1, trace sa trajectoire à toute vitesse vers les sommets du sport automobile.

Née en 2003 au Liban, originaire de Baskinta, élevée entre Dubaï et l’Angleterre, Stéphanie Hobeika fonce là où peu de Libanais – et encore moins de Libanaises – ont osé s’aventurer: les circuits automobiles britanniques. Étudiante en ingénierie du design à l’Université de Bath, elle conjugue cerveau et volant avec un sang-froid redoutable.

En avril 2025, pour sa toute première course automobile au sein du Radical Club Challenge, elle signe une troisième place à Brands Hatch. Et ce n’était qu’un début.

Quelques semaines plus tard, sur le mythique circuit de Silverstone, elle affronte la mécanique capricieuse et les conditions imprévisibles. Malgré les problèmes techniques aux essais et les multiples interruptions causées par la voiture de sécurité lors de la première manche, elle ne lâche rien. Résultat: deux troisièmes places consécutives. Deux podiums en deux jours.

L’étoile libanaise de Brands Hatch à Silverstone

«Silverstone a été plus difficile que Brands Hatch, mais ces podiums ont une saveur particulière», confie-t-elle, le sourire en coin. Elle admet que la première course fut chaotique: «J’ai eu du mal avec toutes les interruptions, mais j’ai tenu bon.» La deuxième, plus fluide, confirme sa montée en puissance: «C’était ma deuxième participation en Radical, et je sens que mon niveau progresse à chaque course.»

Un week-end d’exception qu’elle partage avec son père, Élie, venu spécialement pour l’encourager: «Sa présence m’a donné un énorme boost. Je le remercie, ainsi que ma mère, pour leur soutien inconditionnel.»

Du karting libanais à la vitesse radicale

La passion de Stéphanie commence sur les pistes de karting au Liban, à 16 ans. Dès sa première saison, elle décroche une victoire et termine troisième du championnat IAME. À Dubaï, elle se frotte à une concurrence plus rude et boucle la saison 2020-2021 à la sixième place.

Puis vient le grand saut vers l’Angleterre, pour les études… et pour la vitesse. Elle ne renonce à rien: en parallèle de ses débuts en Radical, elle porte haut les couleurs libanaises. En octobre dernier, elle représentait son pays aux FIA Motorsport Games à Valence, dans la catégorie karting. Et l’année précédente, elle s’était déjà illustrée lors du Championnat du monde féminin de karting.

«Je n’ai jamais voulu choisir entre ingénierie et sport automobile. Les deux me nourrissent, me mettent au défi, m’apprennent à me battre», avait-elle déclaré à Ici Beyrouth il y a quelques mois, soulignant un engagement total, tant cérébral que physique. Elle dirige d’ailleurs le programme Formula Student de l’Université de Bath, preuve de son implication à tous les niveaux.

Une pionnière dans un monde d’hommes

Unique femme engagée dans la catégorie Radical SR1, Hobeika s’impose autant par sa vitesse que par sa détermination. Sur la piste, elle fait parler ses chronos, pas son genre.

«J’ai toujours su que je devais faire mes preuves deux fois plus. Mais je ne veux pas qu’on me juge parce que je suis une femme, je veux qu’on parle de mes chronos», tranche-t-elle avec assurance. Et elle ne se contente pas de suivre le rythme: «Je suis fière de pouvoir rivaliser avec les hommes, et même en devancer certains. Mon objectif est clair: progresser à chaque course.»

Objectif GT3 et pas de frein aux ambitions

Sous le casque, une idée fixe: viser plus haut. Hobeika rêve de GT4, de GT3, de championnats continentaux. Elle enchaîne les tests – Ginetta, Aston Martin Vantage GT4, monoplace F4 – pour affûter son pilotage et élargir ses horizons.

«Je ne suis qu’au début de mon histoire. Chaque virage, chaque tour me rapproche de mon rêve», résume-t-elle, lucide, mais habitée par la même flamme.

Prochaine étape: Snetterton, mi-juin, pour la troisième manche d’un championnat Radical qui en compte sept.

Dans un univers où les places sont rares et les volants convoités, Stéphanie Hobeika fonce, dépasse, insiste. Elle ne demande pas la permission. Elle prend le virage – et l’avenir – à pleine vitesse. Le Liban tient peut-être là sa première reine de la course.

 

 

 

 

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