
De Lugano à Bâle, la Suisse accueille pour la troisième fois le Concours Eurovision de la chanson. Un retour symbolique là où tout a commencé en 1956.
L'Eurovision rentre chez elle, en Suisse. C’est là, sur les bords du lac de Lugano, qu’est né le Concours de l’Eurovision de la chanson et, en 69 ans, il a bien changé.
C’est la troisième fois que la Suisse accueille l’événement, et la finale de l’édition 2025 à Bâle – dans le nord du petit pays alpin, juste à la frontière avec la France et l’Allemagne – devrait réunir quelque 160 millions de téléspectateurs à travers le monde, qui pourront voter pour désigner le vainqueur et leur chanson préférée.
Voyage dans le temps
Lugano 1956
Le Concours Eurovision de la chanson a débuté comme une expérience technique, quand le petit écran était encore tout petit et en noir et blanc: une diffusion télévisée transnationale, simultanée et en direct.
La place centrale de la Suisse en Europe en a fait un choix naturel. Lugano, la petite capitale de la Suisse italophone, est réputée pour son art de vivre.
Sept pays y ont participé: la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse et l’Allemagne, avec deux chansons chacun. Un cas unique dans l’histoire du concours.
L’événement a été présenté en italien par un certain Lohengrin Filipello; la seule fois où un homme a présenté le concours seul, qui s’est enthousiasmé du fait que le compositeur lauréat pouvait se vanter d’avoir écrit la plus belle chanson d’Europe.
Dix chaînes de télévision et vingt stations de radio ont diffusé l’émission, qui a duré une heure et quarante minutes. La télévision étant encore balbutiante, la plupart des gens ont suivi le concours à la radio.
De l’événement, il ne reste que peu d’images en noir et blanc.
Les artistes étaient accompagnés par un orchestre de 24 instruments. Les groupes étaient interdits, une règle qui perdura jusqu’en 1971.
C’est la Suissesse Lys Assia qui a triomphé avec sa deuxième chanson, Refrain, en français.
La Suisse refusa d’accueillir à nouveau l’Eurovision en 1957, et la deuxième édition a eu lieu à Francfort, en Allemagne.
Quant à Lys Assia, après avoir tenté sa chance pour participer à l’Eurovision 2012, elle est décédée en 2018, à l’âge de 94 ans.
Lausanne 1989
Lausanne 1989 doit tout à Céline Dion et Ne partez pas sans moi. En l’emportant à Dublin, la Canadienne a fait gagner la Suisse et propulsé sa carrière internationale au firmament des plus grandes stars.
C’est aussi la dernière année qu’une chanson chantée en français a remporté le trophée.
L’Eurovision 1989 a rassemblé 22 pays participants à Lausanne, où siège aussi le Comité international olympique.
Le logo, représentant le Mont Cervin, avait été conçu à l’aide d’une infographie alors ultramoderne, et la scène était ornée de néons éblouissants et surmontée de projecteurs colorés rotatifs.
Le spectacle mettait en vedette les deux plus jeunes concurrentes de l’histoire du concours: Gili Netanel, 12 ans, originaire d’Israël, et Nathalie Paque, 11 ans, représentant la France.
Le jeune âge de ces concurrentes a suscité la controverse, et depuis 1990, les candidats doivent être âgés d’au moins 16 ans.
L’émission était animée notamment par Lolita Morena, Miss Suisse 1982.
Pendant que les jurés rendaient leurs décisions, un cascadeur a tiré des coups d’arbalète en direct sur scène, provoquant une réaction en chaîne : la flèche finale a visé une pomme sur sa propre tête, en hommage à Guillaume Tell, l’idole mythique de la Suisse.
La flèche a manqué de peu la pomme… et la catastrophe.
C’est la Yougoslavie qui l’a emporté à la surprise générale avec le groupe Riva interprétant Rock Me. Quelques années plus tard, la Yougoslavie a sombré dans la guerre et s’est désintégrée. Riva s’est aussi séparé en 1991.
Par Robin MILLARD / AFP
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