Humour, drame et flammes: l’Eurovision s’enflamme à Bâle
La chanteuse monténégrine Nina Zizic représentant le Monténégro avec la chanson Dobrodosli se produit lors de la deuxième demi-finale du Concours Eurovision de la chanson 2025, à la St. Jakobshalle de Bâle, le 15 mai 2025. ©Fabrice COFFRINI / AFP

Entre satire nordique et messages de résilience, les 26 finalistes de l’Eurovision 2025 s’apprêtent à faire vibrer l’Europe depuis la Suisse. Sous haute tension politique, la finale promet autant de kitsch que d’émotion brute.

Les 26 chansons en finale de l'Eurovision samedi vont conduire les téléspectateurs à choisir entre l’humour d’une ode au sauna, le regret d’un amour dilapidé, la promesse d’une nouvelle aube après l’horreur, l’apologie de la jouissance ou encore le souvenir d’une maman.
Le concours de la chanson a 69 ans et c’est le plus grand télé-crochet du monde. Musique, kitsch, compétition, mur LED haute définition et beaucoup de pyrotechnie se disputent l’attention et les votes de quelque 160 millions de téléspectateurs en Europe et au-delà.
La Suède reste la favorite des parieurs avec l’ode du trio comique KAJ et son entêtant et entraînant Bara Bada Bastu, qui évoque les joies d’un sauna.
En total contraste mais sur les talons du trio, le contre-ténor JJ a ébloui pour l’Autriche avec Wasted Love sur l’amour dilapidé, avec une interprétation mise en valeur par un noir et blanc de studio Harcourt.
Après deux demi-finales et de belles performances, l’Autriche, la France, la Finlande, les Pays-Bas et Israël comptent bien créer la surprise à la St. Jakobshalle de Bâle.
Louane, pour la France, était sélectionnée d’office pour la finale, mais sa chanson Maman, hommage à sa mère disparue, intensément interprétée et une scénographie toute en retenue symbolisant le temps qui passe dans un sablier, lui ont permis de se hisser à la troisième place des bookmakers.

Adrénaline 

Les fans se sont arraché les 6 500 billets de la finale de samedi.
«L’équipe est épuisée, mais super heureuse», a confié le directeur de l’Eurovision, Martin Green, à l’AFP vendredi, à 24 heures de l’apothéose.
«Ce qui nous motive tous, c’est de voir ces artistes chanter, et c’est une véritable montée d’adrénaline. Certaines de ces performances sont tout simplement époustouflantes», dit-il.
«Je trouve que le plateau de la finale est assez diversifié, avec des propositions aussi bien up-tempo que des ballades, des moments peut-être un peu plus poétiques», analyse Fabien Randanne, journaliste musical au journal français 20 Minutes et habitué de l’Eurovision.

Le Norvégien Kyle Alessandro ouvrira le spectacle dans une explosion de flammes, suivi par la Luxembourgeoise Laura Thorn et La poupée monte le son. Une possible surprise selon Fabien Randanne. Sur un ton léger et en français, la chanteuse dénonce le patriarcat en invoquant Poupée de cire, poupée de son, écrit par Serge Gainsbourg et dont l’interprétation par France Gall avait donné la victoire au Luxembourg il y a 60 ans.
Les concurrents seront départagés par des votes: celui du jury et celui séparé des téléspectateurs de chacun des 37 pays participants, avec un poids égal. S’y ajoute le vote des spectateurs du reste du monde.
Bien que tenu au secret sur les chiffres, Thomas Niedermayer, le maître des votes de l’Eurovision, a révélé que les demi-finales de cette semaine avaient été «très serrées».
«C’était encore plus serré que les points ne le laissent paraître. La course a donc été passionnante et la course au vainqueur s’annonce serrée», dit-il.

Espoir et désir 

Sur fond d’appels au boycott d’Israël à l’Eurovision, la chanteuse israélienne et survivante de l’attaque du 7 octobre, Yuval Raphael, a vu sa cote augmenter au fil des semaines et son interprétation de New Day Will Rise (Un jour nouveau se lèvera) lui a offert un ticket en finale.
La jeune femme de 24 ans, qui a survécu en faisant la morte sous un tas de cadavres pendant le massacre perpétré par le Hamas, veut lancer un message universel «d’espoir et de solidarité».
Une de ses répétitions a été perturbée par des sifflets et un spectateur a fait un geste d’égorgement envers la délégation lors de la parade de présentation dimanche.
La Finlandaise Erika Vikman célèbre aussi la vie, mais à sa façon. Body de cuir clouté, cuissardes, chantant à tue-tête Ich Komme (je jouis), la chanteuse s’envole dans les airs sur un micro géant d’où jaillissent des gerbes d’étincelles. Le public a scandé «Erika», «Erika», reflétant l’enthousiasme grandissant pour celle qui a dû cacher des fesses que l’Eurovision ne saurait voir.
Le mystère reste entier autour de la participation de la mégastar canadienne Céline Dion, qui souffre d’une grave maladie auto-immune. Elle avait 20 ans quand elle a remporté l’Eurovision 1988 pour la Suisse. Le concours a fait d’elle une star mondiale.

Par Robin Millard et Christophe Vogt / AFP

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