
Depuis l’annonce du cessez-le-feu au Liban, le 27 novembre dernier, les soldats de la Finul opérant au sud du fleuve Litani ont été la cible d’une série d’attaques attribuées à des groupes affiliés au Hezbollah. Ces attaques sont en violation flagrante de la résolution 1701 et en contradiction avec les engagements pris par le parti concernant l’abandon de son arsenal militaire et le démantèlement de ses structures sécuritaires et militaires.
Un diplomate occidental, suivant de près la situation dans le sud du Liban, a jugé ces attaques inacceptables et a appelé à leur condamnation ferme. La plus récente et la plus grave a eu lieu dans le village de Jmayjmé, dans le caza de Bint Jbeil. Selon lui, il relève de la responsabilité de l’État libanais de poursuivre et de sanctionner les auteurs de ces actes, qui mettent en danger la vie des soldats de la Finul et compromettent leur mission. Laquelle mission s’inscrit dans le cadre de l’application de la résolution 1701 et de l’accord de cessez-le-feu.
Pour rappel, le gouvernement libanais s’était engagé à respecter cet accord, approuvé par les autorités en place et réaffirmé par l’exécutif à l’issue de l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République et de la formation d’un gouvernement dirigé par Nawaf Salam.
Le diplomate occidental a par ailleurs estimé que l’incident survenu à Jmayjmé remet en question les déclarations officielles, y compris celles du Hezbollah, selon lesquelles la résolution 1701 serait effectivement appliquée et que la zone au sud du Litani serait exempte d’armes et de combattants armés.
Selon lui, l’attaque contre les forces onusienne s’explique par leur présence dans une zone où le Hezbollah conserve encore des armes et maintient des infrastructures militaires, en dépit de sa localisation au sud du Litani. Cette zone, insiste-t-il, aurait dû être placée sous le contrôle de l’armée libanaise, conformément à la résolution 1701 qui impose le désarmement des factions non étatiques et le démantèlement de toute présence militaire en dehors de l’autorité de l’État.
Partant de ce constat, le diplomate s’interroge: «Comment les forces internationales peuvent-elles remplir leur mission si elles continuent d’être la cible d’attaques? Comment convaincre la communauté internationale que la situation dans le sud du Liban a réellement évolué, alors que ces agressions persistent comme avant le dernier cessez-le-feu? Enfin, comment le Liban compte-t-il obtenir le renouvellement du mandat de la Finul en août prochain, alors que les autorités gardent le silence face à ces incidents et n’engagent aucune action concrète pour les faire cesser?»
Dans ce contexte, des observateurs libanais ont réagi à un communiqué diffusé au nom des habitants de la localité de Jmayjmé. Selon eux, le ton et le contenu de ce texte traduisent une posture inquiétante: ses auteurs semblent se hisser au niveau de l’État libanais – voire s’en affranchir. Le communiqué accuse la Finul d’«outrepasser ses prérogatives» en pénétrant dans certaines zones rurales autour du village.
Et ces observateurs de s’interroger: qui est légitimement habilité à juger si la Finul outrepasse son mandat? Qui a la responsabilité de mettre en œuvre la résolution 1701? Et qui peut décider des zones où les forces onusiennes peuvent circuler librement?
Ils soulignent par ailleurs une contradiction troublante: comment expliquer que la Finul soit à la fois visée par Israël et par le Hezbollah? Quel intérêt commun ces deux adversaires trouvent-ils à s’en prendre à la force internationale?
Toujours selon ces sources, les attaques répétées contre la Finul illustrent le refus persistant du Hezbollah de remettre ses armes à l’État et de démanteler son appareil militaire et sécuritaire. Chaque tentative d’application effective de la résolution 1701 sur le terrain, affirment-ils, se heurte à une riposte violente, souvent sous forme d’agressions contre les Casques bleus.
La Finul, concluent-ils, se retrouve ainsi otage d’un jeu de rapports de force, instrumentalisée comme outil de pression pour maintenir le sud du Liban dans une logique de confrontation et de conflit latent.
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