Municipales à Beyrouth et dans la Békaa: signaux politiques forts sous faible participation
Élections municipales à Beyrouth et dans la Békaa: faible participation mais tendances politiques claires. ©Al-Markazia

Le troisième tour des élections municipales et des mokhtars s’est tenu dimanche dans la capitale libanaise et les mohafazats de la Békaa et de Baalbeck-Hermel, mobilisant plus d’un million d’électeurs. Le taux de participation s’est élevé à 20% à Beyrouth, à 46,73% à Baalbeck, à 45,16% à Zahlé, à 41,41% dans la Békaa-Ouest, à 34,56% à Hermel et à 31,70% à Rachaya.

Voici les principaux points à retenir de cette journée électorale, tout en tenant compte que les résultats ne seront officiels que lorsqu’ils seront publiés par le ministère de l’Intérieur:

Zahlé: démonstration de force des Forces libanaises

C’est probablement à Zahlé que l’élection a pris la tournure la plus emblématique. Opposées à une large coalition menée par des députés indépendants ainsi que Myriam Skaff et les Kataëb, les Forces libanaises (FL), avec leur liste «Le cœur de Zahlé», ont revendiqué une victoire complète. Une performance qui consolide leur montée en puissance entamée lors des précédents scrutins dans le Kesrouan et le Mont-Liban.

Cette victoire confirme également l’effritement du Courant patriotique libre (CPL) dans certaines régions chrétiennes, notamment à Zahlé où il a choisi de «laisser le choix» à ses partisans.

Baalbeck-Hermel: une base chiite moins mobilisée

Dans les fiefs traditionnels du tandem Hezbollah-Amal, les taux de participation ont nettement reculé: 46,73% à Baalbeck contre 62% en 2016, et à peine 35,7% à Hermel. Ce désintérêt relatif marque peut-être un début de désaffection populaire, dans un contexte post-conflit particulièrement lourd dans ces régions encore marquées par la guerre entre le Hezbollah et Israël.

Malgré cette démobilisation, la machine électorale du Hezbollah a tenu bon dans les grandes localités: à Baalbeck, la liste «Développement et fidélité» a raflé les 21 sièges municipaux. Même scénario à Chmistar, autre localité chiite.

À Beyrouth, le leadership sunnite en toile de fond

Trois grandes listes se disputaient les suffrages dans la capitale: une coalition de partis politiques de tous bords baptisée «Beyrouth nous unit», une liste soutenue par la Jamaa islamiya et des figures proches du Courant du futur sous l’étiquette «Beyrouth t’aime», et enfin «Beyrouth Madinati», issue du camp dit réformateur.

À la clôture des bureaux de vote, les premiers chiffres semblaient donner l’avantage à la coalition des partis traditionnels. Cependant, ces résultats partiels ne donnent pas encore un aperçu sur le nombre de votes sunnites.

Malgré la rivalité entre les deux premières, la liste «Beyrouth Madinati» n’a pas su rééditer son score de 35% en 2016.

Le taux de participation a cependant confirmé le désengagement civique à Beyrouth, malgré l’enjeu.

Des élections à valeur de test des législatives?

Ce scrutin aura aussi servi d’indicateur dans plusieurs localités de la Békaa. À Qaa, à Taanayel ou encore à Ferzol, des listes indépendantes ou soutenues par des formations comme les FL ou le Parti socialiste progressiste ont remporté des victoires significatives, parfois face à des coalitions établies. Dans le caza de Rachaya, le PSP a maintenu une forte présence, contrairement à sa stratégie plus effacée dans le Chouf ou Aley.

Au-delà des enjeux locaux, ces élections confirment des tendances nationales: affirmation des Forces libanaises dans les régions chrétiennes, essoufflement relatif du Hezbollah, dispersion du vote sunnite et faiblesse persistante des courants réformateurs. À un an des législatives, chaque camp en tire ses propres leçons. Mais une chose est sûre: le Liban municipal reste, encore et toujours, un miroir précis des tendances politiques du pays.

 

 

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