Cannes: Gael Garcia Bernal bouscule l’histoire avec Magellan
L’acteur mexicain Gael Garcia Bernal arrive à la projection du film «La femme la plus riche du monde» lors de la 78e édition du Festival de Cannes, le 18 mai 2025. ©Valery HACHE / AFP

Le film Magellan, présenté au Festival de Cannes, revoit un pan fondateur de l’histoire philippine en remettant en cause l’existence du héros national Lapu-Lapu. Une œuvre signée Lav Diaz, portée par Gael Garcia Bernal, qui mêle cinéma historique et regard critique.

Magellan, présenté dimanche au Festival de Cannes avec Gael Garcia Bernal dans le rôle-titre, propose une réécriture de la découverte des Philippines par l'explorateur portugais, tué par un héros national dont le réalisateur philippin Lav Diaz remet l'existence en cause.

Magellan mérite un film car «il est le premier Européen à avoir posé les pieds aux Philippines. Et la conversion des Philippins (au christianisme) a commencé avec lui. Bien sûr, ensuite est venue la colonisation», a expliqué Lav Diaz lors d'une interview avec l'AFP.

L'explorateur portugais, mort lors de la bataille de Mactan, le 27 avril 1521, a été tué au combat par des guerriers dirigés par Lapu-Lapu, un chef de guerre reconnu aujourd’hui comme un héros national ayant résisté à la colonisation espagnole.

Dans son film, présenté dans la section Cannes Première, Lav Diaz avance l’hypothèse que ce roi n’était en fait qu’une invention de Humabon, monarque de l’île voisine, pour faire croire à Magellan qu’une résistance au christianisme s’organisait sur l’île de Mactan.

Pour le réalisateur, la bataille de Mactan «était un piège» tendu à l’explorateur. «Personne n’a jamais vu Lapu-Lapu», relève-t-il. Son existence, insiste-t-il, repose presque exclusivement sur les narrations d’Antonio Pigafetta, un Italien qui accompagnait Magellan.

«Il y aura des gens qui m’accuseront de révisionnisme», reconnaît le réalisateur philippin, Lion d’or à Venise pour La femme qui est partie en 2016.

Diaz assure toutefois que ses théories sont basées sur «des années de recherches» à propos de cet épisode essentiel de l’histoire philippine.

Selon lui, «Magellan était presque un dieu» pour Pigafetta et raconter sa mort provoquée par des guerriers plus nombreux était une manière d’exalter la figure de l’explorateur portugais, selon le réalisateur.

Lav Diaz est considéré comme l’un des principaux représentants du «slow cinema», un style contemplatif et minimaliste cultivé par le Portugais Pedro Costa, l’Iranien Abbas Kiarostami ou l’Espagnol Albert Serra.

Serra a d’ailleurs co-produit ce film de 2h40, qui existe dans une version encore plus longue, précise son réalisateur.

Magellan propose une approche réaliste, à base de tableaux montrant l’incroyable dureté du voyage entre l’Atlantique et le Pacifique par le détroit qui porte aujourd’hui le nom du navigateur, ou la conversion au christianisme des indigènes.

Les paysages, loin d’être paradisiaques, montrent une nature hostile envers les aventuriers, arrivés en pleine saison des pluies dans les îles de l’immense archipel philippin, transformées en piège pour les explorateurs.

Avec AFP

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