Les autorités suisses s'inquiètaient jeudi de la formation d'un lac artificiel, et d'une possible inondation, après l'éboulement de millions de mètres cubes de glace et de roches qui ont détruit la quasi-totalité d'un village dans le sud du pays.
L'éboulement du glacier du Birch a détruit en grande partie le petit village de Blatten où une personne a été portée disparue.
Le lac artificiel qui s'est créé après la destruction du glacier tend à grossir heure par heure et le blocage de la rivière Lonza qui passe au fond de la vallée du Lötschental fait craindre des inondations en aval.
«Nous allons essayer, aujourd’hui, de nous rendre compte de ses dimensions», explique Antoine Jacquod, un responsable de la sécurité civile et militaire du Canton du Valais, à l'agence de presse Keystone-ATS.
La situation est tellement instable que les autorités écartent pour le moment toute intervention sur le site même.
«Le dépôt, composé de roche, de glace et d'eau, situé en fond de vallée est peu stable et des laves torrentielles sont possibles dans le dépôt lui-même. Ce qui rend pour l'heure toute intervention impossible sur la zone sinistrée», écrivent les autorités cantonales dans un communiqué de presse jeudi.
«Un gros risque d'embâcle existe qui pourrait inonder la vallée en contrebas», selon Antoine Jacquod, faisant allusion à l'accumulation de roches, de glace et de terre qui obstrue la rivière.
Un barrage vidé
Par précaution, seize personnes ont été évacuées dès mercredi soir dans deux villages situés en aval de la zone de l'éboulement.
L'amas de pierres et de débris s'étend sur «environ 2 kilomètres de long sur la Lonza» et crée un «lac qui devient de plus en plus grand», a expliqué mercredi soir le responsable cantonal en charge de la gestion des dangers naturels, Raphaël Mayoraz.
Un barrage artificiel a été préventivement vidé pour contenir l'eau refoulée par le mur de glace, de terre et de gravats.
Si l'eau devait déborder de ce barrage artificiel, il faudrait alors songer à évacuer la vallée.
Les autorités feront un point à 16H00 GMT dans le bourg de Ferden, non loin des lieux de la catastrophe.
Le canton a déclaré une situation d'urgence pour avoir plus rapidement accès à plus de moyens.
«L'armée a effectué une reconnaissance sur place afin de préciser les besoins», selon le communiqué du canton, qui la veille avait tout de suite demandé du soutien pour des pompes, des engins de déblaiement et d'évacuation des gravats ainsi que pour des mâts d’éclairage.
Pour mieux appréhender la situation, les autorités sollicitent également l'avis de bureaux d'ingénieurs spécialisés.
Haute surveillance
L'effondrement du glacier était attendu depuis plusieurs jours, de nombreux éboulements de roche s'étant déjà produits dans la partie montagneuse qui le surplombe.
Elle était sous haute surveillance, ce qui a permis de prendre les mesures nécessaires pour mettre les habitants de Blatten à l'abri.
La personne portée disparue est un habitant de la région, âgé de 64 ans, qui, selon les informations de la police cantonale du Valais, se trouvait dans la zone concernée au moment de l'événement.
Des images diffusées sur YouTube montrent un immense nuage de glace et de gravats dévalant la pente de la montagne surplombant la vallée mercredi aux alentours de 15H30 (13H30 GMT).
La force et la vitesse du nuage étaient telles qu'il a poursuivi sa course sur la pente opposée de la vallée.
Et le phénomène a été enregistré par toutes les stations sismiques du pays.
Selon Raphaël Mayoraz, ce sont «3 millions de mètres cubes de roches qui sont tombés d'un coup sur le glacier, l'emportant avec eux».
Un événement quasiment sans précédent dans le pays alpin.
Fin août 2017, environ 3,1 millions de mètres cubes de roche s'étaient abattus depuis le Pizzo Cengalo, une montagne des Alpes dans le canton des Grisons, non loin de la frontière italienne. L'éboulement avait coûté la vie à huit randonneurs. Les laves torrentielles qui avaient suivi l'éboulement avaient transporté environ 500.000 mètres cubes roche et de boue vers la localité de Bondo, faisant d'importants dégâts matériels, mais pas d'autre victime.
Par Fabrice COFFRINI avec Christophe VOGT à Genève/AFP
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