
Nicole Croisille, grande figure de la chanson française et artiste aux multiples talents, s’est éteinte à 88 ans. Chanteuse, comédienne et danseuse, elle laisse derrière elle une carrière riche.
C’est en chantant chabadabada que Nicole Croisille connut un succès planétaire en 1966, mais celle qui fut l’une des grandes voix de la chanson française, interprète des tubes Parlez-moi de lui et Téléphone-moi dans les années 1970, était aussi comédienne et danseuse.
Décédée des suites d’une longue maladie dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 88 ans, l’interprète du motif entêtant d’Un homme et une femme, qui s’appelait initialement dabadabada, apprit à jouer à la Comédie-Française avec le sociétaire Jean Hervé, le mime avec Marcel Marceau, le chant à l’Opéra et la danse dans le cours où sa mère jouait du piano avant de devenir habilleuse chez les Barrault et aux Folies Bergères.
Née le 9 octobre 1936 à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, Nicole Croisille est attirée très jeune par la scène, mais son père, qui lui enseigne l’anglais en écoutant la BBC, lui interdit de devenir petit rat de l’Opéra.
Résignée, elle suit des cours de dactylographie mais pratique en parallèle la danse dans les classes de la Comédie-Française. À 17 ans, elle intègre le ballet de la compagnie.
«J’apparaissais dans L’amour médecin, Le Bourgeois gentilhomme (...) L’ambiance était bonne mais les sociétaires avaient les mains baladeuses», raconte-t-elle en 1983.
À 20 ans, la danseuse décroche le premier rôle dans L’Apprenti fakir, une comédie musicale de Jean Marais. En 1958, la voici dans la troupe de Joséphine Baker. Puis elle rencontre Marcel Marceau, part en tournée avec lui aux États-Unis. Elle y approfondit sa passion pour le jazz et prête sa voix de soprano au Playboy club de Chicago. Son premier 45 tours en 1961 est une adaptation de Ray Charles.
La même année, elle fait la première partie de Jacques Brel à l’Olympia, mais ne parvient pas à percer sur la scène musicale obnubilée par la vague yéyé. Elle part alors à New York et devient meneuse de revue pour deux spectacles des Folies Bergères à Broadway.
Bourreau de travail
Sa rencontre avec Claude Lelouch et le compositeur Francis Lai en 1966 est décisive. Le dabadabada va l’abonner aux génériques du réalisateur (Vivre pour vivre, Les uns et les autres, Itinéraire d’un enfant gâté, Il y a des jours et des lunes). Elle entre dans sa période flamboyante.
De 1970 à 1980, les tubes s’enchaînent: Parlez-moi de lui (1973), Une femme avec toi (1975), Téléphone-moi (1975)...
La «plus belle voix de 1975» devient la chanteuse à voix de variété française.
«Je n’ai chanté que des chansons d’amour et je sais ce que j’ai apporté aux gens», disait en 2017 cette célibataire convaincue au magazine Paris Match. Pas de mari, pas d’enfant : «Nicole Croisille n’a dans le cœur que la chanson et ses lévriers», s’amusait le journaliste et humoriste Philippe Bouvard.
Avec Le Blues du businessman, elle signe son dernier grand succès populaire en 1985. D’une voix devenue plus rauque, elle revient au jazz avec Jazzille (1987), Black et Blanche (1991) et à la bossa nova (Bossa d’hiver, 2008).
Puis ce bourreau de travail remonte sur les planches, se produit dans divers théâtres parisiens. En 1992, elle réalise «son rêve» en incarnant le rôle-titre de Hello, Dolly!, la comédie musicale américaine.
En 2019, à 83 ans, elle joue une ancienne maîtresse dans un vaudeville de Sacha Guitry, N’écoutez pas mesdames : «Je m’amuse comme une petite folle ! À mon âge, je n’aime que les gageures.»
Avec AFP
Commentaires