
Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a adopté jeudi une résolution condamnant l'Iran pour «non-respect» de ses obligations nucléaires, nouvel avertissement avant un éventuel renvoi du dossier aux Nations unies.
Le texte, élaboré par Londres, Paris et Berlin (E3) associés à Washington, a été approuvé par 19 pays sur 35, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources diplomatiques.
La Russie, la Chine et le Burkina Faso ont voté contre.
Onze pays comme l'Afrique du Sud, l'Inde, le Pakistan, l'Egypte, l'Indonésie ou le Brésil se sont abstenus.
Le Venezuela et le Paraguay n'ont pas pu participer faute de contribution financière suffisante.
Avant ce vote, l'Iran avait menacé de réduire sa coopération avec l'AIEA si une résolution était adoptée.
Cet avertissement des Occidentaux intervient en pleine montée des tensions aux Moyen-Orient.
Téhéran a menacé mercredi de cibler les bases militaires américaines en cas de conflit avec les Etats-Unis, dont le président, Donald Trump, dit se sentir «moins confiant» de parvenir à un accord avec l'Iran pour encadrer son programme nucléaire.
De nouvelles discussions sont prévues dimanche, selon Téhéran, après cinq séances de pourparlers.
Les deux pays tentent de s'entendre sur un potentiel texte qui empêcherait l'Iran de se doter de l'arme atomique - une ambition que Téhéran se défend de nourrir - en échange d'une levée des sanctions qui entravent son économie.
«Les États-Unis négocient de bonne foi afin de parvenir à un accord qui nous permettra» d'écarter «avec certitude» ce risque, a rappelé le chargé d'affaires américain Howard Solomon au cours des débats cette semaine au siège de l'instance onusienne à Vienne.
«L'Iran a aujourd'hui une occasion claire de bâtir la confiance» en offrant à l'AIEA «plus de transparence» et en stoppant l'expansion de son programme nucléaire, a-t-il estimé.
La résolution adoptée jeudi appelle Téhéran à «remédier d'urgence au non-respect» des engagements pris en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Dans ces conditions, l'instance onusienne «n'est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique».
Cette situation «soulève des questions qui relèvent de la compétence du Conseil de sécurité des Nations unies», organe habilité à prendre des sanctions, selon le texte de la résolution qui fait planer la menace d'un renvoi du dossier si Téhéran ne fait pas un geste dans les semaines à venir.
L'agence tente en vain d'obtenir des clarifications sur le sort inconnu de matières et d'équipement nucléaires résultant d'activités non déclarées menées jusqu'au début des années 2000.
Téhéran a par ailleurs accéléré ces derniers mois sa production d'uranium enrichi à 60%, un seuil proche des 90% nécessaires à la conception d'une bombe.
Il a accumulé un stock suffisant pour en fabriquer «plus de neuf», a rappelé l'E3 dans sa déclaration devant le Conseil des gouverneurs.
«Tout en engageant cette année le dialogue avec les États-Unis et le groupe E3, l'Iran a poursuivi sans relâche son escalade nucléaire, au-delà de toute justification civile crédible», ont dénoncé les diplomates européens, appelant la République islamique à «changer de cap de toute urgence».
Avec AFP
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